Anne-Sophie Bailly

Rien ne va plus chez bpost. Et ça ne date pas d’hier

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Impossible de se dire où et quand ça s’arrêtera. Mais les déboires de bpost semblent s’accumuler sans fin… Et depuis longtemps.

Rien ne va plus chez bpost depuis le début de la semaine: découverte d’irrégularités, action à un niveau plancher depuis son introduction en Bourse, prévisions bénéficiaires impossibles à établir. L’opérateur postal a annoncé, lundi 24 avril, que des marges actées sur certains services prestés pour le compte de l’Etat pourraient être contraires à la loi. Outre l’activité historique de la société – la distribution de courrier et, désormais, de colis –, bpost gère en effet le paiement des pensions, la livraison de plaques automobiles ou encore la gestion des amendes. C’est pour ces types de services que des irrégularités auraient été décelées. Ce qui pourrait aboutir à des remboursements importants et un impact majeur sur les comptes de l’entreprise.

Comment allier prestataire de services publics et acteur commercial?

En réalité, rien ne va plus chez bpost depuis que des doutes entourent la régularité de l’attribution de la concession pour la distribution de journaux. Un accord secret aurait été conclu entre différentes parties pour laisser le champ libre à bpost pour obtenir ladite concession. Le CEO et certains directeurs, mis au courant de cette entente litigieuse, auraient gardé le silence. Ils ont, depuis, été limogés. Parmi eux, le fraîchement nommé CEO Dirk Tirez, par lequel le plan de transformation de l’opérateur postal allait enfin pouvoir aboutir. Celui qui permettrait de tourner définitivement la page des problèmes.

C’est que rien n’allait plus chez bpost depuis que Jean-Paul Van Avermaet, alors aux commandes de l’entreprise, avait été inculpé, aux Etats-Unis, de soupçon d’entente sur les prix et de cartels pour des accords conclus lorsqu’il dirigeait l’entreprise de gardiennage G4S. La tenue du procès avait rendu sa position intenable à la tête de l’opérateur postal belge. Pourtant, en succédant à Koen Van Gerven, le nouveau dirigeant avait pour mission de tourner définitivement la page des problèmes de l’opérateur.

Car rien n’allait plus pour bpost depuis que les projets de mariage avec Post NL pour former un acteur de poids sur le marché Benelux avaient capoté, sous la pression de la classe politique néerlandaise. La société belge s’était alors tournée vers Radial, spécialisée dans l’e-commerce et la distribution de colis, pour poursuivre sa croissance et investir son cash. Mais l’acquisition s’était avérée trop onéreuse et des cadavres avaient été découverts dans les placards outre-Atlantique. La grogne syndicale en Belgique était à son comble. Et rien n’allait plus pour bpost.

Ces dirigeants successifs ont tous quitté le groupe pour des raisons différentes, pour des choix managériaux questionnant, pour des affaires les ayant touchés de près ou de loin. Ils ont aussi tous été confrontés à la même difficulté: faire fonctionner un prestataire de services publics en le gérant comme un acteur commercial tout en se confortant aux obligations d’une société cotée mais dont l’actionnaire majoritaire reste l’Etat. Avec, qui plus est, une visibilité médiatique importante et, surtout, des stakeholders multiples aux intérêts, aux objectifs et aux calendriers différents.

Peut-être est-ce aussi pour ça que rien ne va plus chez bpost. Que personne ne parvient à tourner définitivement la page des problèmes.

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