Anne-Sophie Bailly
Les banques pourront-elles continuer à miser sur l’inertie comme sur une force?
Une tarification claire a été l’un des facteurs à la base de l’engouement pour le bon d’Etat. Une leçon pour les banques?
Une minisérie politico-financière a mobilisé l’attention des Belges à la fin des vacances scolaires. Avec un succès inattendu. Celle du bon d’Etat, assorti d’un taux d’intérêt net de 2,81%, lancé par le ministre des Finances, Vincent Van Peteghem (CD&V), en réponse à la faiblesse de la rémunération des comptes d’épargne et au manque d’enthousiasme du secteur bancaire à le relever.
A y regarder de près, cette saga avait tout pour séduire puisqu’elle conciliait un thème porteur – l’argent des Belges – et une galerie de portraits et de personnages bien campés. L’épargnant, qui incarne la personne à défendre. Les banques, dans le rôle de celles qu’on adore détester (et qui, dans des préquels, avaient déjà subi une désaffection certaine du public en réduisant l’accès au cash et en durcissant leurs conditions d’octroi de crédit).Vincent Van Peteghem, dans le rôle du malheureux perdant de la réforme fiscale devenu, en une initiative, sauveur de l’épargnant et financier de la dette belge.
Le feuilleton, tout au long de sa narration, a rappelé que les consommateurs s’informent et comparent. Et qu’une partie d’entre eux choisit et change. Que la stabilité et l’importance de l’épargne figée sur des livrets ont trop longtemps et trop souvent été considérées comme acquises par les établissements bancaires. Que la lisibilité des offres et une tarification attractive constituent tout à la fois des facteurs différenciants et des gages de confiance qui attirent et séduisent.
A cet égard, il sera particulièrement intéressant de voir comment se déroulera le scénario de l’intégration de bpost banque dans BNP Paribas Fortis. Cette actualité financière, qui se traduira par la disparition de la banque de la poste dès 2024, est passée quelque peu au second plan derrière celle du bon d’Etat. Mais elle pourrait néanmoins la rejoindre par les questions qu’elle véhicule. Si pour la première banque du pays, cette opération s’avérera certainement profitable en lui offrant un réseau plus étendu et en lui permettant de réaliser d’importantes économies d’échelle, reste à savoir si le public restera présent dans ce nouvel environnement. Si la segmentation de la clientèle en fonction du profil répondra aux besoins réels des utilisateurs. Si le public le plus précaire acceptera cette hausse tarifaire et cette proposition «à la carte». Si le secteur bancaire pourra encore tabler sur l’inertie, comme une force.
Lisibilité des offres et tarification attractive, un gage de confiance qui séduit.
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