Mélanie Geelkens

La sacrée paire de Mélanie Geelkens: bizarrement, personne ne remercie jamais les belles-mères (chronique)

Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

Le jour de la fête des pères, les messages de remerciement à l’égard des beaux-pères étaient nombreux. Mais beaucoup plus rares, celui de la fête des mères. Pourquoi personne ne remercie les marâtres ? Sans doute parce qu’elles ne prennent jamais la place d’un parent démissionnaire, elles…

Le 12 juin, c’était la fête des pères. Et comme de coutume numérique désormais, des tas d’hommages photographiques ont défilé sur les réseaux. Mais les images étaient moins intéressantes que les mots, car beaucoup de ces posts s’adressaient aux pères biologiques, certes, mais aussi aux beaux-pères. «A tous les papas, de sang et de cœur.» «Bonne fête à mon Doudou qui m’a élevée comme sa propre fille.» «Bonne fête à mes deux papas: celui d’exception et celui de substitution.» Etc.

Aucune étude scientifique ne s’est évidemment jamais penchée sur cette impression mais, le jour de la fête des mères, fort peu de messages reconnaissants semblent être postés à la gloire des marâtres (marrant, d’ailleurs, comme personne n’utilise jamais l’équivalent masculin, parâtre, de ce mot sonnant comme un crachat).

Or, vu le nombre de couples séparés en Belgique (un adolescent sur trois serait concerné, selon une étude de l’UCLouvain de 2019), les belles-mères se comptent assurément à la pelle. Mais elles ne sont que rarement remerciées, elles. Pourtant, une semaine ou un week-end sur deux, elles se lèvent aussi au milieu de la nuit, torchent des fesses, s’échinent à faire ingurgiter des trucs verts, reprennent le petit quand il sort des gros mots. Donnent de l’amour, comme un «vrai» parent.

Mais ce sont des femmes, elles. Alors c’est naturel. Non? Plusieurs études montrent en effet que les pères séparés laissent majoritairement prendre le relais dans l’éducation à d’autres femmes: une mère, une nouvelle compagne ou une nounou. Et puis, ce sont des vilaines. Des belles-doches qui compliquent tout, des affreuses qui ne veulent que le père, pas les mioches. Qui aiment forcément moins, puisque la progéniture n’est pas sortie de leur ventre. Comme dans Cendrillon. Non?

Surtout, elles ne prennent la place vacante de personne, les belles-mères. Elles s’ajoutent juste à ces drôles de famille, comme une pièce rapportée légèrement superflue. Elles ne sont jamais financièrement nécessaires à la survie d’une famille. Elles ne sont jamais «de substitution» car nulle n’ a à se substituer: les mères, les génétiques, sont toujours là. Elles veillent. Y compris à ne pas être détrônées ou même concurrencées dans leur amour filial.

Tout le monde en connaît au moins un, de père démissionnaire. Un gars qui a refait sa vie, son mariage, des gosses, comme si les précédents n’avaient été qu’un entraînement peu concluant. Qui dira sans doute que c’était pas sa faute, que la première mère était une emmerdeuse, que le juge était un con, mais qu’importe: il s’est délesté, en tout ou en partie, de ses obligations paternelles. Presque personne ne connaît de mères qui font pareil. Si?

Donc c’est toujours un peu drôle d’entendre des gars gueuler «les privilèges masculins, ça n’existe pas!», alors qu’ils évoluent dans une société qui leur donne, in fine, la possibilité de disparaître complètement de la vie de leur gosse. Physiquement, affectueusement et même financièrement, s’ils se débrouillent bien. En Belgique, un paquet de géniteurs continuent à ne pas payer un balle de contribution alimentaire (en 2019, le service des créances alimentaires, Secal, est intervenu auprès de 18 521 enfants, se substituant à des parents ne payant pas ce qu’ils devaient. Très majoritairement des pères). Sans doute ces mêmes gueulards, la bouche pleine de privilèges, s’étonneront-ils aussi de ne pas avoir leur mot à dire, en matière de décision relative à l’avortement…

@unesacreepaire

UneFois #womenonstage

Du 4 au 9 juillet, la première édition d’un festival à destination des femmes (ou s’identifiant comme telles et personnes non binaires) se tiendra à Bruxelles. Au programme: ateliers musicaux en mixité choisie, résidences, réseautage et soirée de concerts. L’ événement est organisé par l’agence de management UneFois, qui fédère et défend des projets musicaux portés par des femmes en Fédération Wallonie-Bruxelles depuis 2016. Inscriptions sur le site.

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entreprises belges cotées ne respectent pas la loi du 28 juillet 2011 visant à garantir la présence des femmes dans leur conseil d’administration. Celle-ci impose à ces sociétés de compter au minimum un tiers du sexe le moins représenté dans son CA. Il s’agit de Cumulex, anciennement Sucraf, une exploitation sucrière au Congo de 1954 à 2010, aujourd’hui en quête de nouvelles activités, et d’Accentis, entreprise spécialisée dans l’immobilier industriel. En cas de non-respect de ces dispositions, des sanctions sont pourtant prévues: nullité de la nomination ou suspension des avantages financiers.

Qui «follow» les femmes?

Ana Seré, entrepreneuse et fondatrice du collectif Belges et culottées, a analysé tous les comptes Twitter suivant et suivis par les présidents et présidentes de parti. François De Smet (DéFI) est le plus suivi par la plus large proportion féminine (38%). Celle qui «follow» le plus de femmes (38%) est Rajae Maouane (Ecolo).Beaucoup d’autres chiffres sont à découvrir sur le compte Twitter d’Ana Seré.

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