Anne-Sophie Bailly

L’Ozempic, une nouvelle star

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

On ne parle que de lui. Sur les réseaux sociaux, dans les medias, dans les cercles économiques. L’Ozempic, c’est La nouvelle star. Game changer, pilule miracle, blockbuster… On lui attribue toutes les vertus au point qu’une pénurie sévère menace. Même pour les patients concernés au premier chef.

Sa notoriété, il l’a d’abord acquise sur les réseaux sociaux en général et sur TikTok en particulier. Le déferlement de déclarations de personnalités et de mises en scène d’influenceurs expliquant comment un stylo-injecteur destiné aux diabétiques leur servait de coupe-faim et d’atout minceur a entraîné une véritable ruée sur ce «produit miracle».

Depuis, la popularité de l’Ozempic, du danois Novo Nordisk, s’affiche également en Une des journaux et des JT. L’engouement est tel que les stocks du produit de la firme pharmaceutique, ou de ses alternatives, sont critiques. Même les recommandations adressées aux médecins pour limiter les prescriptions n’ont pas suffi à enrayer l’emballement. La menace de pénurie est à ce point sévère que le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke (Vooruit), planche sur un arrêté royal afin de réserver l’Ozempic aux patients atteints de diabète de type 2. Les débats s’échauffent. Que ce soit autour du contrôle des médicaments – légiférer en la matière s’apparente-t-il à une violation de la liberté thérapeutique des médecins? – ou de leur disponibilité – un mécanisme de solidarité européenne peut-il contrer les ruptures? Comment l’instaurer? Quelles maladies privilégier en cas de pénurie?

Aucune pilule miracle ne dispense d’une alimentation saine et d’exercice physique.

Le constat est là. L’Ozempic est la nouvelle star. Celle qui interpelle, fascine ou séduit. Celle dont on parle.

Même dans les cercles économiques depuis que la valeur de Novo Nordisk a dépassé le PIB du Danemark. Même dans les rapports des analystes boursiers depuis que le grand patron du distributeur américain Walmart a affirmé que les personnes sous sémaglutide achetaient moins et, surtout, moins calorique. Cette constatation a résonné comme un avertissement en bonne et due forme à l’encontre de l’industrie alimentaire, surtout des groupes qui ont bâti leur croissance sur le trop gras, le trop sucré, le trop salé. Une série de valeurs comme Nestlé, Mondelēz ou PepsiCo, au portefeuille bien garni de sodas, de chips ou de biscuits, ont marqué le pas. On ne compte plus ni les corrélations établies entre leurs reculs boursiers et la mise sur le marché de l’Ozempic ni les extrapolations à venir sur l’avenir du secteur agro- alimentaire et son indispensable reconversion. Et les opportunités qui pourraient en découler.

La presse spécialisée n’est pas moins diserte sur le phénomène du moment. Mais elle rappelle opportunément que l’Ozempic reste un médicament. Qu’il est initialement conçu pour lutter contre le diabète de type 2. Qu’il a des effets secondaires et des contrefaçons. Qu’aucune pilule miracle ne dispense d’une alimentation saine et d’exercice physique. Que détourner un médicament de son usage premier n’est jamais sans risque. Toute star qu’il soit.

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