Anne-Sophie Bailly

Accord entre Engie et le gouvernement belge: un point et beaucoup d’interrogations

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

L’accord signé entre Engie et le gouvernement belge est certes important. Mais il véhicule encore de nombreux points d’interrogation.

«Agreement». C’est donc le lundi 9 janvier 2023, peu après 15 heures, qu’un accord entre Engie et le gouvernement belge sur la prolongation de dix ans des réacteurs nucléaires de Doel 4 et Tihange 3 a pu être trouvé. Avec un peu de retard sur le calendrier initial. Mais soit. La Belgique tient enfin ce fameux accord qui doit contribuer à assurer la sécurité d’approvisionnement énergétique du pays .

Un «Heads of Terms and Commencement of LTO Studies Agreement», donc, mais certainement pas un point final au débat qui agite la Belgique depuis des décennies. Plutôt une foule de points d’interrogation tant les questions en suspens restent nombreuses. A très court terme, en effet, il faudra qu’Engie et l’ AFCN (Agence fédérale de contrôle nucléaire) s’accordent sur les travaux à effectuer pour permettre un redémarrage des deux réacteurs, en novembre 2026, et que leur consensus soit validé. Ce n’est qu’après cela que la loi de sortie du nucléaire pourra être amendée. La date du 1er novembre 2026 pourra-t-elle être tenue? Comment Engie clôturera-t-elle, en quatre ans, le chantier qu’elle avait annoncé ne pouvoir mener qu’en cinq? Et quelles solutions seront effectivement prises pour gérer l’intervalle entre l’arrêt desdits réacteurs et leur redémarrage?

La Belgique et Engie ont enfin un accord. Un accord, certes, mais qui ne met pas fin au débat qui agite le pays depuis des décennies.

A court terme aussi – on parle de mars prochain –, il faudra fixer le montant de la facture finale de l’élimi- nation des déchets. Aujourd’hui, on ne s’est accordé que sur la méthodologie de calcul, sur le principe de plafond et d’une prime de risque. Quels chiffres valider? Et obtiendront-ils l’aval de la Commission européenne?

A plus long terme, c’est évidemment toute la question de la coexistence de l’Etat et d’Engie dans une structure unique qui pourrait susciter moult débats. En tant que coexploitant, l’Etat assume une partie du risque et accepte un plafonnement de la facture nucléaire pour Engie. Mais qu’en sera-t-il des conséquences sur la facture finale du consommateur et du contribuable? Et comment le prochain gouvernement appréhendera-t-il cette cogestion?

A plus long terme encore, c’est la stratégie d’approvisionnement énergétique de la Belgique qui continuera à devoir être débattue. L’ accord était à peine sec que, d’un côté, on rappelait les ambitions en matière d’énergies renouvelables de la Belgique et que, de l’autre, on relançait un ballon d’essai pour la prolongation d’autres réacteurs. Quel mix énergétique veut-on pour le pays? Et à cet égard, de quelle marge de manœuvre dispose-t-on?

Un accord nécessaire? Certes. Un point final? Certainement pas.

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