Pierre Havaux

Vent du Nord de Pierre Havaux : quand Liesbeth Homans s’invite maladroitement dans le débat sur l’égalité des genres

Pierre Havaux Journaliste au Vif

Alors que le débat parlementaire sur la déclaration politique du gouvernement Jambon (N-VA – Open VLD – CD&V) battait son plein, Liesbeth Homans (N-VA), présidente de l’assemblée, est sortie de son rôle d’arbitre pour s’immiscer dans la question du manque de crèches et souligner le rôle du papa comme roue de secours quand la maman peine à caser le petit. La prise de parole a été plutôt mal perçue sur les réseaux sociaux.

Le 1er octobre, c’était jour de débat parlementaire sur la déclaration ficelée, non sans douleur, par le gouvernement Jambon (N-VA – CD&V – Open VLD) mais riche en promesses de soulager le Flamand moyen plongé dans l’adversité. Une de ces bonnes tranches de démocratie parlementaire où chaque représentant du peuple est censé avoir son mot à dire, son avis à exprimer sur la question, que l’on soit pour ou contre, de la majorité comme de l’opposition, pourvu que l’équilibre dans les échanges soit respecté. En Flandre, c’est Liesbeth Homans (N-VA) qui fait office de «femme en noir», fonction présidentielle oblige. A elle de se montrer, depuis le perchoir de l’assemblée, à la hauteur de son devoir d’impartialité. Mais ce jour-là, il y eut comme qui dirait un coup de canif dans le contrat.

Le grain de sel présidentiel dans le débat a fait son bonhomme de chemin sur les réseaux sociaux. On s’y est ému et indigné.

Alors qu’une députée de l’opposition PVDA déroule sa façon de penser sur la gestion de la crise de l’accueil de la petite enfance et le triste sort réservé aux mamans en panne subite de crèche, voilà que la présidente n’écoute visiblement plus que son cœur de mère: «Madame Vandecasteele, je ne sais pas si vous êtes consciente qu’il y a la plupart du temps deux parents, et qu’il existe aussi quelque chose comme un père? Mes enfants sont chez leur papa.» Bon sang, le voilà le plan B! Sur les bancs de la majorité, ministres compris, on a bien ri et bien applaudi.

Le grain de sel présidentiel dans le débat, qui ne fut pas particulièrement relevé en séance, a fait son bonhomme de chemin sur les réseaux sociaux. Où l’on s’est ému et parfois indigné de cette façon jugée pour le moins cavalière et un peu légère de traiter la grande misère des crèches qui, au même moment, jette le secteur dans la rue pour réclamer des moyens autrement plus importants que les 115 millions débloqués par le gouvernement. Le PVDA ne pouvait en rester là, porté par tous «ces gens choqués de la manière dont la présidente est intervenue, et qui ont trouvé cela impoli et grossier», comme l’a fait savoir sa fraction parlementaire en saisissant de l’affaire le bureau élargi du parlement. C’est que l’entorse au règlement est flagrante puisque la présidente n’a pas daigné troquer le perchoir pour un siège de simple députée lorsque lui a pris cette envie d’évoquer son vécu parental.

Voilà qui mériterait quelque excuse, celle que réclame en tout cas la gauche radicale «pour tous les citoyens, parents et gardes d’enfants qui ont été scandalisés» par de tels propos jugés d’un autre temps, quand maman au foyer rendait superflu l’envoi du mioche à la crèche. Rien du tout, Liesbeth Homans ne fait pas mine de vouloir offrir ce plaisir à l’opposition PVDA, rejointe pour la cause par Vooruit et Groen jugeant que «les pères et les mères n’ont pas à suppléer aux carences du gouvernement». Ce qui n’est pas vraiment l’avis du Vlaams Belang qui, lui, a répondu présent pour soutenir la conception des tâches familiales de la présidente: «Vous avez souligné, maladroitement mais à juste titre, que la famille compte aussi des pères qui doivent prendre leurs responsabilités, entre autres lorsqu’il s’agit de garder les enfants.» Quand on a toujours besoin d’un papa pour se tirer d’un mauvais pas.

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