Les surnoms de «Monsieur Non» et de «bad boy» ont récemment été attribués à Bart De Wever. On le verrait bien porter un autre sobriquet, plus latin et plus en phase avec ses habitudes.
Certains surnoms ne nécessitent pas la moindre recontextualisation, tant ils sont associés à une personnalité. Les amateurs de cyclisme savent qui sont le Blaireau ou le Cannibale. Les mélomanes connaissent le King ou la Môme. Nul besoin de préciser, en matière de figures historiques, qui sont la Pucelle d’Orléans et le Roi-Soleil.
Le monde politique regorge lui aussi de sobriquets, forcément réducteurs, parfois moqueurs. Ils constituent une sorte de rançon de la gloire, supposant un certain degré d’autodérision pour supporter la caricature, mais aussi un brin de satisfaction à l’idée que l’on compte suffisamment pour en être affublé.
Les surnoms sont de plusieurs natures, qu’elles soient flatteuses ou non. Ils portent sur une caractéristique physique, une origine géographique, un trait de caractère, une façon de faire, un événement marquant. Ainsi, Silvio Berlusconi reste Il Cavaliere, pendant que Margaret Thatcher demeure la Dame de fer et François Mitterrand, le Sphinx.
La Belgique n’est pas en reste. Michel Daerden se faisait notoirement surnommer «Papa». José Happart reste le Hérisson fouronnais, tandis que l’omnipotent Guy Spitaels était Dieu. Les orientations politiques de Guy Verhofstadt ont fait de lui, durant sa jeunesse, le Baby Thatcher belge et Jean-Luc Dehaene a collectionné les surnoms, tels que le Plombier, le Démineur ou le Taureau de Vilvorde.
La classe politique actuelle n’en manque pas, elle non plus. Conner Rousseau s’est un temps autobaptisé King Connah. Les sigles ne sont pas à proprement parler des surnoms, mais permettent d’identifier instantanément certains leaders, à l’image de JFK ou DSK. Le Premier ministre Paul Vanden Boeynants, celui qui fut enlevé, reste associé aux initiales VDB. Georges-Louis Bouchez, aujourd’hui, est communément appelé «GLB». Il arrive même que ses détracteurs l’appellent «GLouB», avec une pointe de raillerie.
Il en reste un dont on ne perçoit pas encore quel surnom demeurera pour la postérité. Le Premier ministre actuel, lui aussi, est identifiable au moyen de trois initiales: BDW. L’Open VLD l’a récemment rebaptisé «BTW», l’équivalent de la TVA en néerlandais, en référence à sa suggestion de rehausser la taxe sur la valeur ajoutée.
Il fut un temps où d’aucuns l’appelaient Wafelman, relevant son penchant pour les spécialités gaufrières. Il s’est récemment étonné que le site Politico le qualifie de bad boy, en raison de son appel à la prudence à l’idée de débloquer les 140 milliards d’avoirs russes gelés en Belgique, pour soutenir l’Ukraine. Il est même passé, à l’échelle européenne, pour un «Monsieur Non». L’ironie veut qu’en Belgique, le surnom «Madame Non» reste associé à Joëlle Milquet en raison de son opiniâtreté, en d’autres temps, face aux velléités politiques flamandes.
Lui qui aime s’exprimer en latin et se passionne pour l’empire romain appréciera peut-être davantage un de ces surnoms dignes d’un album d’Astérix. Nous l’appellerons donc non pas «Consensus» ni «Modus operandi», mais plus probablement «Ultimatum». En poser, des ultimatums, lorsqu’il s’agit de former un gouvernement ou de faire atterrir un budget, ça il sait le faire.