Carte blanche

«Un impôt sur le patrimoine entrave notre capacité à créer de la valeur»

Notre pays se trouve à un point de basculement économique. Où que l’on regarde, les défis qui mettent en péril notre prospérité se multiplient, qu’ils soient économiques, financiers ou géopolitiques. C’est pourquoi aujourd’hui, plus que jamais, nous devons pleinement miser sur nos atouts stratégiques.

Heureusement, nous en avons beaucoup : citons notre position centrale en Europe, nos ports, notre pôle chimique et biotechnologique, ou encore nos sièges européens. Mais n’oublions pas non plus notre tissu d’entreprises ancrées localement – celles-ci sont un moteur essentiel de notre prospérité depuis de nombreuses générations. Malgré les crises, les bouleversements et les cycles économiques, les entrepreneurs locaux restent la force silencieuse et puissante de notre économie. Les entrepreneurs et les familles en Belgique ont contribué à notre prospérité au fil des générations et ont participé à faire de ce pays ce qu’il est aujourd’hui. Les entreprises familiales ont permis de hisser les citoyens belges au rang des plus riches d’Europe. Elles créent des emplois et un ancrage locaux et exportent bien au-delà de l’Europe.

Les entreprises familiales représentent 80 % des entreprises employant des salariés, 45 % de la main-d’œuvre et plus d’un tiers du PIB de la Belgique. Elles distribuent généralement moins de dividendes que les autres entreprises – les bénéfices sont beaucoup plus réinvestis qu’ailleurs. Les entreprises familiales sont aussi beaucoup plus performantes : sur une base annuelle, la croissance de leur valeur ajoutée est supérieure de 7 points de pourcentage à celle des autres entreprises. Les entreprises familiales ne sont pas seulement l’épine dorsale de notre économie, elles jouent également un rôle crucial dans les exportations et la compétitivité de la Belgique. Non seulement elles sont essentielles à notre prospérité, mais en transmettant les entreprises familiales et le capital à la génération suivante, elles renforcent aussi l’ancrage de la prospérité dans notre pays. Exactement là où nous en avons besoin.

En tant que représentants des entrepreneurs et des entreprises familiales, nous sommes donc très inquiets de la facilité avec laquelle l’impôt sur le patrimoine est proposé aujourd’hui comme solution à tous nos défis budgétaires. Il ne se passe pas un débat électoral sans que l’impôt sur le patrimoine ne soit évoqué comme la solution miracle à tous les problèmes. Malheureusement, cela n’est aucunement vrai. Il convient de distinguer clairement l’impôt sur le patrimoine de l’impôt sur le revenu. Avec un impôt sur le patrimoine, on ouvre la porte à la perte des investissements locaux à court terme. Nous ne devons pas commettre cette erreur en Belgique. Les investissements des entreprises ancrées en Belgique sont essentiels pour maintenir notre prospérité à long terme. Tant pour l’impôt sur le travail que pour l’impôt sur le capital, la Belgique se situe déjà bien au-dessus de la moyenne de l’UE et de nos pays voisins. En ce qui concerne l’impôt sur le patrimoine, la Belgique occupe la troisième place au sein de l’UE.

Un impôt supplémentaire sur le patrimoine tel que proposé entraîne des conséquences négatives pour notre État-social. Le patrimoine n’est pas un actif liquide dont le gouvernement peut facilement prélever une partie. Le patrimoine est investi dans les entreprises, dans les équipements, dans les usines, dans la recherche et le développement et finalement dans les actions. Les entreprises ancrées en Belgique, telles les PME et les entreprises familiales, devront progressivement vendre leurs actions pour contribuer à cet impôt annuel sur le patrimoine. Cette mesure encourage la prise de contrôle par des firmes étrangères et la fuite des capitaux.

Le patrimoine est l’oxygène de la croissance. Ceux qui veulent taxer davantage le patrimoine détruisent les entreprises. Ils détruisent l’investissement, l’emploi et la prospérité. En ces temps d’incertitude économique, personne ne taxerait plus nos actifs stratégiques. Une taxe sur les ports ? Une taxe sur l’emploi ? Une taxe sur les sièges sociaux ? C’est un non-sens. Alors pourquoi taxer la valeur accumulée dans notre pays aujourd’hui ? Qui en profitera vraiment ? D’autres pays ont déjà prouvé qu’un impôt sur le patrimoine est une mauvaise idée. Sur les douze pays européens qui avaient instauré un tel impôt, neuf l’ont déjà supprimé. La France, l’Allemagne, la Finlande, le Luxembourg et la Suède, entre autres, ont déjà mis fin à cet impôt. Inefficace, trop d’incertitude juridique, risque de délocalisation des centres de décision et recettes trop faibles sont autant d’argument invoqués. Notre pays n’a pas besoin de plus d’impôts, il a besoin de plus d’entrepreneurs créateurs d’emplois. Le reste suivra.

Ensemble, relevons les grands défis auxquels notre pays est confronté. En tant que citoyens responsables et entreprises ancrées localement, notre seul souhait est de continuer à investir, à entreprendre et à contribuer à la prospérité de notre pays. En entreprenant, en générant de la prospérité et en créant des emplois en Belgique depuis des décennies et des générations, nous démontrons que nous voulons le bien de ce pays. Nous invitons nos décideurs politiques à se rallier à cette ‘coalition of the willing’. Soutenons les entrepreneurs et les entreprises familiales dans ce qu’ils font de mieux : créer de la croissance et de la prospérité. Après tout, leur engagement en faveur d’une croissance durable, de la continuité et de l’ancrage local est au cœur d’une économie prospère et résiliente. Et c’est précisément cela qui protège le mieux la prospérité de tous nos concitoyens.

Pour souscrire à la lettre ouverte

Les initiateurs: Vincent Bia | Pieterjan Desmet | Olivier Hamoir | Philippe Haspeslagh | Sophie Le Clercq | Pierre Macharis | Guido Vanherpe

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