» Yves Leterme préfère le tourisme « 

Le président du FDF, qui compte un secrétaire d’Etat au gouvernement, dénonce l’attitude des partis flamands.  » Ils cèdent aux pressions de l’extrême droite.  » Yves Leterme en prend pour son grade.  » Qu’il tienne ses troupes « . Sinon, Leterme Ier sera vite à terre.

Le gouvernement fédéral d’Yves Leterme, auquel votre parti est associé, tangue déjà. En Flandre, on veut scinder tout de suite l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV). Côté francophone, c’est non. Comment jugez-vous la situation ?

Les partis flamands n’ont pas le courage de dire ouvertement  » non  » au Vlaams Belang. C’est l’extrême droite qui a relancé la polémique. Il revient au Premier ministre Yves Leterme de faire respecter les accords de février : on reparlerait de BHV cet été, dans le cadre d’une négociation plus large où, côté francophone, on remettrait en question les limites géographiques de Bruxelles.

Leterme ne vous convainc pas ?

Il raisonne comme si la scission de BHV était inéluctable, non négociable et sans contrepartie. Jamais, ces derniers mois, il n’a fait la moindre proposition de conciliation. Ses textes sont unilatéraux.

C’est si dramatique, la scission de BHV ?

Qui scinde BHV prépare la scission du pays. Bruxelles serait enfermée en Flandre, coincée dans son carcan, asphyxiée. Ça, jamais ! Leterme et les Flamands se méprennent sur la détermination des dirigeants francophones.

Yves Leterme est le chef du gouvernement ou, avant tout, le patron du principal cartel flamand ?

Pour les nouveaux leaders du CD&V, la fonction de Premier ministre n’est pas une valeur en soi. L’image flamande d’Yves Leterme passe avant, ainsi que la sauvegarde du cartel avec les nationalistes de la N-VA. Leterme semble accaparé par ses activités touristiques. Il vole de capitale en capitale. Son principal devoir serait plutôt de stabiliser le pays. On attend… Il écoute, prend toujours autant de notes, anticipe très peu le cours des événements.

Les partis flamands renient aujourd’hui leurs engagements ?

Les ultimatums sont monnaie courante, en Flandre. C’est toute l’histoire du CVP, rebaptisé CD&V : l’encre d’un accord n’est pas encore sèche qu’on le renie. Ce qui est neuf, c’est qu’il y a désormais du répondant, côté francophone.

Oui ? Les chefs francophones sont vraiment unis ?

( Il hésite trois secondes.) Leur capacité de riposte est meilleure qu’auparavant. Les Flamands spéculent sur la peur des francophones. Mais ma génération n’a plus peur. Nous développons, tous partis confondus, une vision commune de notre avenir. Ça nous fortifie.

Une fédération Wallonie-Bruxelles, telle que l’ont suggérée Charles Picqué et Rudy Demotte (PS), ce serait une bonne chose ?

Au MR, nous militons depuis longtemps pour un gouvernement unique de tous les francophones. Le PS se rallie à l’idée ; c’est bien. L’unité des deux Régions (Bruxelles et la Wallonie) est  » le  » facteur clé de l’avenir des francophones. Il faut rassembler nos moyens budgétaires, ôter les cloisons, réfléchir ensemble aux meilleures politiques en matière de mobilité, d’enseignement (sans le régionaliser !), de recherche scientifique, de développement économique, etc.

La Communauté française n’est pas morte ?

Non. La  » fédération  » peut être un organe politique plus fort. Une manière d’affirmer à la Flandre qu’elle ne peut en même temps revendiquer son autonomie et s’occuper des affaires de Bruxelles.

Vous ne pensez pas que les francophones devraient faire quelques concessions aujourd’hui. Parce que, demain, ce sera pire : si la Flandre politique n’obtient pas satisfaction, notamment sur BHV, elle se radicalisera encore…

On nous la fait à chaque coup !  » Acceptez telle revendication, cela calmera les plus radicaux d’entre nous !  » Ils ne se sont jamais calmés… Et vous ne pensez pas, tout de même, que le débat institutionnel va s’arrêter si on scinde BHV ?

On risque d’aller aux élections plus tôt que prévu ?

Des élections peuvent s’imposer à tout moment. Tout dépend d’Yves Leterme et de sa capacité à tenir ses troupes. C’est lui qui a le sort du gouvernement et du pays entre ses mains.

Entretien : Philippe Engels

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