Vlaamse tonton flingueur

ON A EU CHAUD ! ON S’ATTENDAIT AU PIRE ET VOILÀ le gouvernement papillon qui nous sort de son sac à malices de nouvelles mesures budgétaires indolores, ou presque. Le tout emballé dans un slogan cosmétique étrangement maternant :  » La douceur dans la rigueur « . Un miracle ! Ou un tour de passe-passe maîtrisé avec brio. Emballer sans alarmer. On glisse sous le tapis les sujets qui fâchent comme, au hasard, les intérêts notionnels, les sauts d’index, la DLU… On affiche un volontarisme musclé, même s’il est postdaté, et ça passe. Le bon peuple veut oublier les épisodes précédents, cette longue marche pour trouver… 2 milliards, et ses grands et petits rebondissements. Rayon idées, ça ne vole pas très haut, mais la com’, bien huilée, a joué son rôle parfaitement. Notre avenir est toujours aussi indéchiffrable, certes. Mais la Belgique, bonne élève, a respecté la règle d’or des budgets maîtrisés, et même si sa politique de rigueur n’offre aucune perspective, peu importe, tout le monde est content.

Le gouvernement gouverne, c’est du moins ce qu’il tente de nous faire croire. Tous au charbon. Et il le fait savoir. Seuls, dans leur coin, The Artists restent étonnamment silencieux. The Artists ? Les présidents de parti, pardi ! Ils ne pipent mot. On en arriverait presque à croire qu’ils n’ont plus rien à dire. Au plus bas dans les sondages, ils font de plus en plus tapisserie. Les frais émoulus fils de, comme Charles Michel, Bruno Tobback ou Benoît Lutgen, biberonnés à la politique, comme les autres. Qui a entendu le son de leur voix pour porter un projet, faire des propositions qui apportent du souffle, de l’espoir pour demain ? Trop préoccupés par leur Meccano et leurs stratégies électorales, sans doute.

Tous muets ? Pas sûr. Car il en est un qui, malgré sa désormais presque taille de guêpe, roule encore des mécaniques et joue les matamores. Il n’a pas son missile dans sa poche, Bart ! Une vanne par-ci, une saillie ou une brève de comptoir par-là, le tonton flingueur du Nord dégaine encore. Ce gouvernement qui semble échapper aux mines antipersonnel, ça ne lui plaît guère. Il préfère le voir au bord du précipice. Et puis, il ne va pas laisser s’évaporer sa notoriété agissante. Alors il persifle, il fait du rentre-dedans, il distille ses petites phrases les yeux rivés sur les communales, un véritable test pour son parti. Les 40 % de Flamands qui le soutiennent vont-ils plébisciter la N-VA à Anvers, la ville à haut risque pour biens des ténors politiques ? Pas vraiment sûr de triompher, Bart, même s’il plane très haut dans les sondages. Ne ressasse-t-il pas en boucle que son parti est encore jeune et l’avenir, incertain ? Des minauderies de donzelle qui feraient sourire si l’homme n’était pas si malintentionné. Ne reculant devant aucun sacrifice, il plaide pour le confédéralisme. Il ne veut plus faire (provisoirement)  » sauter  » la Belgique. Une courbe rentrante indispensable sans doute dans la perspective du scrutin d’octobre, il n’y aurait pas de majorité en Flandre pour soutenir le séparatisme. Inutile d’agiter la muleta devant l’électeur. De la realpolitik pur jus, version De Wever.

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Il n’a pas son missile dans la poche, Bart

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