Victoires dans la bataille de l’emploi

Dans le top cinq des communes les plus denses du Brabant wallon, Braine-l’Alleud et Waterloo font figure d’exemples dans la lutte contre le chômage. Explications.

Province réputée pour son taux élevé d’indépendants, ses entreprises innovantes et sa qualité de vie, le Brabant wallon, surnommé parfois la  » Wallifornie « , n’en est pas pour autant une terre dénuée de difficultés sociales. Au début de l’année 2013, le Forem annonçait une hausse du chômage dans toute la Wallonie. Même de façon limitée, le Brabant wallon n’a pas échappé au phénomène. Au total, 9,92 % de la population active de la jeune province recherchent actuellement un emploi, contre 14 % pour la Wallonie.

Parmi les cinq grosses communes du Brabant wallon, Nivelles arrive en tête avec 12,28 % de demandeurs d’emploi, suivie d’Ottignies-Louvain-la-Neuve (10,73 %), de Wavre (10,26 %), de Braine-l’Alleud (9,65 %) et de Waterloo (8,95 %). Avec une population respective de près de 39 000 et 30 000 habitants, ces deux dernières présentent des chiffres plus qu’honorables par rapport à leurs homologues de même envergure.

Plutôt que de parler d’emblée de lutte efficace contre le chômage, Simon Erkes, analyste du marché de l’emploi et de la formation au Forem, préfère évoquer la présence de facteurs favorisant l’emploi.  » Les dernières études montrent que ces deux communes disposent d’atouts socio-économiques. Le grand nombre d’indépendants et l’existence d’entreprises d’envergure témoignent des conditions favorables à l’exercice d’une activité professionnelle.  » Les demandeurs d’emploi de ces communes possèdent un niveau de qualification supérieur à la moyenne wallonne – tout comme le reste de la province -,  » ce qui favorise leur insertion sur le marché du travail « .

Troisième atout de Braine et Waterloo : la mobilité. Situées à proximité d’axes routiers importants et bien desservies en transports en commun, les deux communes permettent d’accéder facilement à Bruxelles ou Charleroi, des pôles d’emploi intéressants quand le travail fait localement défaut.

Des initiatives ambitieuses

Avec une baisse du chômage de 0,4 % depuis février 2011 à Waterloo, Etienne Verdin, ancien échevin de l’Emploi et président actuel du CPAS, est fier de son mandat précédent.  » Le dernier état des lieux socio-économique du Forem de Nivelles montre que la collaboration entre le Forem, la commune et le CPAS a porté ses fruits. Ces dernières années, nous avons beaucoup misé sur la Maison de l’emploi où toutes les informations nécessaires aux demandeurs d’emploi sont rassemblées. Lors de la précédente législature, j’ai essayé d’organiser des rencontres entre les employeurs et les chômeurs, via les petits déjeuners de l’emploi, une initiative qui a été saluée par le Forem. On ciblait un métier en pénurie, comme comptable, jardinier ou plombier, et on invitait des formateurs, des recruteurs et des gens qualifiés dans le domaine. Ces rencontres se sont soldées par des prises de contact, mais aussi par des contrats.  »

Des petits déjeuners à l’attention de certains bénéficiaires du CPAS – les articles 60 – ont aussi été mis en place. Un dispositif peu coûteux qui a permis de placer une quinzaine de travailleurs dans divers domaines (crèches, administration communale, secteur artistique…).

Priorité aux exclus du chômage

A Braine-l’Alleud, Olivier Parvais (PS), président du CPAS et échevin de l’Emploi, a lancé dès 1995 la Journée emploi,  » pour permettre aux jeunes diplômés d’avoir une vision adéquate du marché du travail. En tant qu’échevin des Affaires sociales, je voulais que demandeurs d’emploi, étudiants, entreprises, employeurs et pouvoirs publics se rencontrent. Tout seul, on n’y arrive pas et le Forem ne va pas sortir tous les chômeurs de la crise. On a donc créé des synergies avec l’Agence locale pour l’emploi (ALE), Infor Jeunes, les organismes de formation, etc.  »

La priorité pour les années à venir ? Les personnes exclues du chômage. Plus d’une centaine de contrats à destination des articles 60 ont été conclus en 2012 et le CPAS s’active depuis décembre à faire connaître aux entreprises locales les possibilités de réinsertion professionnelle.  » C’est important de leur expliquer que le CPAS ne profite pas qu’à une catégorie de personnes mais est un organisme qui peut offrir des services aux sociétés. Sans les moyens que met à disposition le collège, nous ne serions pas aussi efficaces. Nous récoltons aujourd’hui les fruits de ce que nous avons semé dès les années 2000.  »

La fermeture de la Maison de l’emploi en 2008 pour cause de frais de fonctionnement trop élevés a été l’occasion d’investir l’argent ailleurs : l’équipe du CPAS a été renforcée pour s’occuper davantage de l’emploi ; les frais de transport pour se rendre à la Maison de l’emploi de Waterloo sont remboursés par la commune ; et une entreprise de titres-services, Family Services, a pu être créée.

Une volonté politique en amont

Au-delà des initiatives lancées par les échevins, certains facteurs comme l’aménagement du territoire et le choix des investisseurs sur la commune jouent un rôle dans le dynamisme économique et professionnel local.  » Privilégier certains projets ou grosses enseignes plutôt que d’autres a forcément un impact sur le taux d’activité d’une commune et donc sur son taux de chômage « , développe Florence Reuter, échevine MR de l’Emploi à Waterloo.

Une attention particulière devrait prochainement être donnée aux chômeurs qui approchent la cinquantaine,  » car ils ont souvent un niveau de formation assez important, une expérience intéressante, mais ils rencontrent de grandes difficultés à retrouver un job. Pourquoi ne pas les orienter vers la création d’une entreprise ou une activité d’indépendant ? interroge Florence Reuter. Poursuivre les petits déjeuners, tout en les axant davantage sur les seniors et faire connaître la plate-forme Wallangues sont quelques-uns de mes projets « .

Et Simon Erkes, analyste au Forem, de conclure :  » Une politique plus volontariste peut donner des effets positifs. C’est une question de personnes, liée à ce que les acteurs locaux mettent en place et à leur intérêt réel pour la problématique de l’emploi.  »

ANNABELLE DUAUT

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