Vendeurs, ne rêvez plus !

En ces temps de grisaille économique, le marché immobilier tourne au ralenti. Ce ne sont désormais plus les vendeurs qui imposent les règles du jeu, mais les acquéreurs.

Il est loin le temps où, pour vendre son bien, il suffisait de planter un panneau dans le jardin, d’accrocher une affichette à la fenêtre ou de poster une petite annonce à la va-vite sur Internet pour voir une foule d’acheteurs se presser au portillon…

La crise a eu pour effet d’inciter à la prudence. Prudence des candidats-acquéreurs, qui ne sont plus sûrs de leurs arrières. Le marché de l’emploi est en souffrance et la peur de se trouver sans boulot pèse sur leurs décisions. Comment, continuer à rembourser des mensualités d’emprunt si une des sources de revenus du ménage vient à manquer ? Voire les deux…

Prudence aussi de la part des banques, qui, pour les mêmes raisons, sont devenues extrêmement précautionneuses dans leurs octrois de prêts. Opérant une véritable sélection, elles prennent le temps d’analyser en profondeur la situation professionnelle et familiale de leurs clients. Et n’accordent leur précieux sésame qu’à ceux qui souscrivent à des conditions strictes.  » Ce n’est pas simplement une question d’argent, assure Eric Genon, de l’agence néolouvaniste Immo Genon. Cela concerne tout le monde. La semaine passée, un de mes clients, un chirurgien pourtant, s’est vu refuser un prêt pour un bien dont la valeur n’était pas si haute que cela !  »

Résultat ? Le marché tourne au ralenti. Les ventes se concluent dans des délais qui s’allongent, passant des habituels trois mois à six mois, un an parfois. Et les agences voient leur portefeuille grossir…  » parce que cela ne suit plus à la sortie « , affirme tout de go Thomas Mesmin, de l’agence Cap Sud Wavre. Avec les effets que l’on sait en termes de prix : ils sont âprement discutés, voire carrément rabotés suivant les régions… et les types de biens.

Dans le Brabant wallon, par exemple, les grosses villas cossues sont en difficulté depuis les deux, trois dernières années. Tandis que, de manière générale, les 4-façades des années 1960-1970 sont délaissées. Energivores, à l’architecture et l’équipement désuets, généralement situées loin des commerces et des services, elles cumulent les mauvais points.

Mais, et c’est le plus inquiétant, un peu partout en Belgique, la crise touche jusqu’aux biens traditionnellement  » vendeurs  » : les petites maisons mitoyennes de ville et de village, avec deux ou trois chambres et leur jardinet.  » Il y a tellement de biens sur le marché de même type que les acquéreurs ne sont pas pressés, ajoute Thomas Mesmin. Ils visitent, comparent, prennent le temps de se décider…  »

Seuls les appartements semblent tirer leur épingle du jeu, en grande partie parce que ceux-ci sont particulièrement prisés par un public d’investisseurs et de personnes âgées qui veulent vendre leur villa.

Un marché d’acquéreurs

Le vent a tourné. Et le marché a changé.  » Nous sommes passés d’un marché de vendeurs à un marché d’acquéreurs « , acquiesce Evelyne Gielen, économiste et agent immobilier, à la tête de l’agence bruxelloise MètreCarré Real Estate. Ce ne sont plus les vendeurs qui ont la main, mais bien les candidats-acquéreurs. Et, en l’occurrence,  » ceux-ci ne se comportent plus comme des clients-rois, mais comme des tyrans « , souligne-t-elle.

Qu’ils soient aidés dans leur tâche par une agence immobilière où qu’ils oeuvrent en électron libre, les vendeurs doivent s’adapter à la nouvelle donne du marché. C’est à eux, désormais, de faire les efforts nécessaires en vue de la conclusion d’une vente.

Un dossier de Frédérique Masquelier

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