" La révélation de la ville dépeuplée, je l'ai eue la veille du confinement. Je suis passé par la Grand-Place, il n'y avait personne alentour : un vrai choc. Cela crée une impression d'inquiétante étrangeté. C'est flagrant sur cette vue de la place Saint-Géry. Pris à 15 h 30 lors d'un après-midi ensoleillé, ce lieu devrait regorger de monde. " © ERIC OSTERMANN

Une ville mise à nu

Photographe amateur passionné, Eric Ostermann immortalise la capitale depuis plusieurs années. Ses images du confinement la montrent débarrassée de ses oripeaux. Pour Le Vif/L’Express, il commente cinq d’entre elles.

Dès le début du confinement, la page Facebook d’Eric Ostermann,  » Bruxelles en photographies « , a connu un succès qui ne se dément pas. Une initiative opportuniste calibrée pour produire du like ? Nullement. Une démarche mercantile pour débiter de la carte postale ? Pas plus. En réalité, ce photographe amateur de 42 ans n’a rien changé à ses habitudes. Depuis 2014, qu’il pleuve ou qu’il vente, il immortalise sa ville à la faveur de balades hebdomadaires.Dans son viseur, Ostermann compte plus de 24 000 clichés de la capitale de l’Europe. Désobéissance civile ?  » Sûrement pas, je reste dans le cadre légal. A vélo, le centre-ville est à dix minutes de chez moi. Je fais une promenade de santé et j’en profite pour prendre quelques clichés. Je respecte strictement la consigne qui veut que l’on ne fasse pas de reportage. Je n’utilise pas de trépied, je prends les images à la volée « , détaille l’amateur.

 » Cette image a inspiré beaucoup de commentaires aux utilisateurs de Facebook. Ils l’ont titrée pour moi : « Les Beatles en confinement ». C’est vrai que l’on s’attend à tout moment à voir débarquer les quatre garçons dans le vent. Je n’en reviens pas d’avoir pu ainsi me positionner en plein milieu de la rue de la Loi sans qu’une seule voiture n’apparaisse. Un sentiment assez grisant. « © ERIC OSTERMANN

Ce statut de dilettante, Eric Ostermann le revendique :  » Je fais des photos depuis l’adolescence mais c’est avec la naissance de ma fille, au début des années 2000, que je m’y suis intéressé plus sérieusement.  » En bon autodidacte, il écume alors les forums et s’abonne à une page où tout un chacun a la possibilité d’effectuer des missions photographiques, commentées ensuite par des regardeurs avisés. Les progrès qu’il réalise le poussent à diffuser son travail par le biais des réseaux sociaux. Sa notoriété croissante explose avec l’actuel confinement : le choc visuel qu’occasionne Bruxelles dépeuplée va droit au coeur de tous ceux qui y ont des souvenirs. De nombreux commentaires touchants témoignent de cet impact considérable. On ne s’étonnera pas d’apprendre qu’Ostermann a été contacté par les Archives de la Ville de Bruxelles : c’est bien une mémoire collective qui est en passe de s’écrire là.

 » De jour comme de nuit, il y a toujours du monde près du Manneken-Pis. J’ai élargi le cadre pour qu’on puisse voir au maximum les abords que l’on ne regarde jamais. Alors que tout le monde connaît cette statue, certains éprouvent des difficultés à la reconnaître photographiée de cette façon. Sans les gens, sans les couleurs, on revient à une sorte d’essence de la ville, à sa nudité. « © ERIC OSTERMANN

www.ostermann.be

 » J’ai pris cette photo de la place de La Monnaie dans la foulée de celle de Saint-Géry. Il doit être approximativement 16 heures. Le noir et blanc s’est imposé à moi dans la mesure où il souligne les contrastes lumineux et dégage les perspec-tives architecturales. On voit la ville comme on ne l’avait jamais vue. Ainsi de cette construction brutaliste à droite de La Monnaie qui rappelle le phénomène bien connu dit de « bruxellisation ». C’est beau malgré tout. « © ERIC OSTERMANN
 » J’ai de nombreux clichés des galeries Saint-Hubert mais je trouve celui-ci parfait. Non seulement la lumière est idéale mais, en plus, l’absence de visiteurs permet d’en révéler l’étonnante symétrie. Je n’utilise jamais de filtres et ne retouche que très peu mes clichés ; parfois j’utilise un coup de tampon mais il serait impensable pour moi de prendre des libertés avec la réalité. « © ERIC OSTERMANN

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