Une ligne économique prudente

Les socialistes ne devraient pas se démarquer beaucoup de leurs prédécesseurs

De notre correspondante

C’était un inconnu il y a quelques semaines encore. Mais le visage aigu au front haut de Miguel Sebastian s’est rapidement imposé dans le paysage politique espagnol. Cet homme de 47 ans, responsable jusqu’à une date récente du puissant service des études et analyses du BBVA, un des deux empires bancaires espagnols, est l’artisan du programme économique du prochain gouvernement. Un projet jugé mesuré et réaliste par une bonne partie du monde des affaires de la Péninsule, encore sous le choc de la victoire surprise des socialistes. Sebastian est une recrue de choix pour José Luis Rodriguez Zapatero : un expert indépendant, qui n’est pas membre du Parti socialiste. Il semble bien placé pour être le prochain ministre de l’Economie. Même si le nom de Pedro Solbes, l’actuel commissaire européen aux Affaires économiques, circule également.

Pendant toute la campagne électorale, c’est Miguel Sebastian qui a été envoyé au front pour défendre une ligne économique prudente et pragmatique. Pas question de laisser échapper les fruits de la croissance espagnole : sa grande prouesse semble être d’avoir réussi à convaincre Zapatero des bienfaits de ce  » déficit zéro  » qui a fait la fierté de José Maria Aznar. Et si Sebastian n’a pas ménagé ses critiques sur la vision à court terme du gouvernement sortant, soulignant la fragilité d’une croissance fondée exclusivement sur le boom immobilier et sur les emplois peu qualifiés, il n’a pas fondamentalement annoncé de nouvelles règles du jeu. A la surprise générale, les socialistes ont même prévu… une série de baisses d’impôts û sur les sociétés, sur le revenu, sur le patrimoine et sur les successions û qui devraient diminuer la pression fiscale sur les petits contribuables.

Zapatero, qui a promis que son gouvernement ne pratiquera  » aucune forme d’interventionnisme « , s’est aussi engagé à mettre l’accent sur la formation et l’innovation. Le thème lui tient à c£ur. A plusieurs reprises, il a dénoncé le retard technologique de l’Espagne et sa perte de productivité. Il va aussi lui falloir affronter tous les problèmes qu’il accusait le précédent gouvernement de cacher sous le tapis : les 31 % d’emplois précaires, le taux de chômage des femmes, qui est le double de celui des hommes (22 % contre 11 %), le poids de l’économie souterraine (27 % du PIB), l’excessif endettement des ménages et le manque de services sociaux… Le tout sans grever le budget de l’Etat.

C.T.

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