Un réveil en sursaut

Métiers et services nouveaux se mélangent sur le câble. Les télédistributeurs francophones sortent de leur torpeur

Avant, les choses étaient simples : on payait son téléphone à Belgacom et, pour la télévision, le raccordement au télédistributeur local. Epoque révolue ! Voilà que tout se mélange et se complique. Il a fallu choisir un fournisseur d’accès Internet ; préférer éventuellement un opérateur téléphonique alternatif ; hésiter, pour la télé, entre le câble ou l’antenne parabolique, et, parfois, entre une réception analogique ou numérique. Choisir aussi entre une offre standard de programmes et des  » bouquets  » selon ses goûts.

Comme pour brouiller davantage les cartes, les fournisseurs de ces services ont commencé à pratiquer le métier des autres. Belgacom distribue des programmes TV et des  » câblos  » proposent des services interactifs et Internet. Mais les seconds ont mis le temps avant de sortir d’une longue torpeur. Somnolant sur leurs rentes de situation, les sociétés de télédistribution se sont longtemps contentées de percevoir les revenus de leur monopole régional sans anticiper les révolutions technologiques. Elles ont aussi fait la sourde oreille à toutes les sollicitations politiques pour financer plus activement la production audiovisuelle en Communauté française.

Le vent a tourné. Un premier sursaut est venu de Canal+ Belgique (devenu BeTV) qui, avec ses bouquets numériques, a dopé l’offre commerciale de certains  » câblos  » wallons. En Flandre, les diverses sociétés de télédistribution se sont regroupées au sein de Telenet, devenu un puissant opérateur multiservices (télédistribution, Internet, téléphonie), coté en Bourse. Chez les francophones, l’irruption de Belgacom TV a sonné l’heure du grand réveil, mais en ordre dispersé. La liégeoise ALE-Télédis et la bruxelloise Brutélé ont conclu une alliance pour fédérer leurs réseaux (soit, ensemble, 613 000 des 1 500 000 millions abonnés au câble) et pour commercialiser leurs services sous une marque unique dès juin 2006. Par ailleurs, Le Soir révélait, voici quelques jours, l’intention de 8 télédistributeurs wallons de se regrouper, mais pour céder ensuite 49 % de leurs parts à Telenet dont l’expérience leur sera précieuse.

Les  » câblos  » wallons seront ainsi plus forts face à Belgacom tandis que Telenet sera pour eux un allié plutôt qu’un possible prédateur. Reste que, pour les téléspectateurs, le choix restera bien maigre : hors Belgacom ou leur télédistributeur, point de concurrence sur le câble.

Jean-François Dumont

L’irruption de Belgacom TV a secoué les  » câblos « , qui organisent la riposte

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