Un marché plutôt serein

Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

Manifestement, les années de crise n’ont pas tellement affecté la santé du secteur immobilier liégeois. Les maisons reviennent à la hausse et les appartements anciens ont la cote, sous l’influence des acheteurs isolés.

Cela ne s’invente pas. Au sommet d’une petite côte menant à un terrain solitaire, dans le quartier de Burenville, l’étude de Françoise Honhon palpite dans les mursà d’une ancienne boîte échangiste. N’y aurait-il que Liège pour produire des anecdotes du genre ? Quand Me Honhon débarque dans la profession, en 2007, les grandes années immobilières de la décennie précédente s’essoufflent doucement. Le clash de l’automne 2008, qui touchera inégalement l’ensemble du pays, n’est plus très loin. L’année 2009 sera particulièrement maussade pour le marché et il faudra attendre l’année 2010 pour voir arriver sinon la fin du tunnel, en tout cas l’éclaircie.

Si l’on en croit les professionnels locaux, le marché liégeois n’aurait du reste pas trop souffert de la crise : l’attractivité quasi historique de ses prix aurait eu raison de la mauvaise conjoncture.  » En 2009, on a constaté évidemment une baisse du nombre de crédits accordés, mais l’année a été plutôt bonne. Pareil pour 2010, où les refus de crédits étaient également importants. On ne ressent plus cela depuis le début 2011, en tout cas pas dans notre étude. La reprise est nette depuis le début de cette année, malgré la hausse des taux d’intérêt (qui restent bas, malgré tout). Même si, personnellement, je n’avais pas constaté de forte baisse du secteur immobilier, j’ai l’impression que 2011 sera une très bonne année « , lance, optimiste, Me Honhon.

135 500 euros pour une maison

Professeur invité à la Haute Ecole Charlemagne, Eric Meuris, patron de Century 21 Bureau Blavier, dirige deux agences en région liégeoise. L’une à Seraing, l’autre sur le boulevard d’Avroy, en plein centre-ville de Liège. En moyenne, la double centaine de transactions qu’il voit passer chaque année lui permet d’avoir un regard sur différents segments du marché, même si ce chiffre ne représente qu’un petit pourcentage des opérations effectuées sur le sol liégeois.  » Le volume des transactions, dans mes agences en tout cas, a clairement grimpé en 2010. Cela dit, les prix étaient assez bas et, ni en 2008 ni en 2009, et on n’a vraiment senti de gros tassement, une impression que les bulletins notariaux de la province ont confirmée. Les mesures anti-crise prises par le gouvernement ont également permis à la région de se maintenir. « 

Si le volume des transactions semble avoir repris du poil de la bête à partir de 2010, il en est de même pour la valeur des biens. Les notaires de la province annonçaient, en février 2010, que le prix moyen d’une maison à Liège s’établissait, pour l’année 2009, à 130 500 euros. Un an plus tard, à l’heure d’établir les bilans pour 2010, le prix moyen des maisons d’habitation deux façades grimpait à 135 500 euros. On ne peut pas parler de hausse magistrale, mais le secteur s’est repris.  » Les prix restent intéressants à Liège, ce qui explique peut-être pourquoi ils n’ont pas baissé autant qu’ailleurs. Tout se vend tant que le propriétaire n’est pas trop exigeant et pour peu que l’on ne dépasse pas la barre des 220 000 à 250 000 euros, au-delà de laquelle cela devient plus difficile, notamment pour les villas qui ont davantage été touchées. Avec une enveloppe de 150 000 euros, on peut se dégoter une maison bel-étage à Ans ou à Angleur. Si l’on vise les 200 000 euros, de jolies maisons de maître sont encore disponibles : on en a vendu une en deux heures, dans le quartier du Laveu « , poursuit la notaire Honhon, qui attire également l’attention sur deux phénomènes : la vente d’immeuble découpé parfois sans autorisation et la tendance à revendre, comme terrain, une partie de son jardin. Quant aux différentes zones de la Cité ardente, elles peuvent évidemment abriter des réalités immobilières diversifiées :  » Une maison de maître place De Bronckart, l’un des lieux les plus prestigieux de la ville, se vendra plus cher que le même bien dans le quartier Saint-Léonard, même s’il revit quelque peu. Par ailleurs, le boom immobilier que l’on aurait pu attendre dans le quartier des Guillemins n’a toujours pas été vérifié sur le terrain « , estime Françoise Honhon.

Retour en ville et acheteurs isolés

Quand on lui demande ce qui le frappe, actuellement sur le marché immobilier, le courtier Eric Meuris évoque essentiellement deux tendances.  » Ces tendances se matérialisent dans le comportement d’achat. De plus en plus, des particuliers, souvent autour de la cinquantaine ou plus, achètent plus petit en ville après avoir vendu en périphérie. S’ils achètent plus petit, c’est parfois pour avoir un pied-à-terre dans le centre et une résidence secondaire au soleil. La seconde grosse tendance est que les acheteurs sont de plus en plus souvent isolés. En ce moment, dans les compromis de vente, la moitié concerne des personnes isolées.  » Forcément, l’arrivée massive des personnes isolées dope la vente des biens que cette clientèle peut se permettre d’acheter. Pas de grosses villas donc, mais souvent des appartements du marché secondaire.  » Les appartements ont toujours été stables, mais là, on sent une augmentation sensible du nombre d’appartements vendus. Le parc immobilier se renouvelle un peu, sous l’effet, notamment, des nouvelles législations sur la copropriété « , poursuit Eric Meuris.

De nouvelle législation, il en est aussi question à propos des appartements neufs. La TVA à 6 % pour les 50 premiers milliers d’euros est révolue. Dorénavant, plutôt qu’un droit d’enregistrement de 12,5 %, on paie par ailleurs 21 % de TVA sur la quote-part de terrain livrée avec le bien neuf. Une différence qui peut aller, par achat, jusqu’à 10 000 euros environ. Une sacrée somme…  » Cette différence a refroidi les acheteurs potentiels d’appartements neufs, même si, après le coup d’arrêt des trois premiers mois de 2011 (juste après l’entrée en vigueur de ces rectifications), les acheteurs commencent à revenir. Les promoteurs m’ont confirmé le phénomène « , lance encore Eric Meuris, dont l’agence termine doucement la vente de près de 200 appartements à Cointe. Me Honhon confirme :  » Les mesures destinées à soutenir le marché du neuf ont poussé pas mal d’investisseurs à se lancer dans ce secteur. Quel sera l’impact de la suppression de ces avantages ? Un client, qui avait vu un appartement neuf en vente sur Internet, a déchanté quand le promoteur lui a annoncé qu’il n’avait pas encore adapté ses prix aux nouvelles normes. « , conclut Me Honhon…

GUY VERSTRAETEN

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