Un certain flottement

Le gouvernement en affaires courantes a décidé de ne rien décider. Mais l’option claire de l’Allemagne aura un impact chez nous.

L’effet premier du programme allemand de renoncement au nucléaire pourrait être une hausse des prix de l’électricité, en raison d’une diminution de l’offre. La fermeture immédiate de plusieurs centrales allemandes au lendemain de la catastrophe de Fukushima avait déjà fait augmenter les prix de 10 % à la Bourse allemande.

Officiellement, la Belgique est toujours dans un programme de sortie progressive du nucléaire selon la loi Deleuze de 2003. Mais en 2009, il avait été décidé de prolonger de 2015 à 2025 la durée d’exploitation des réacteurs de Doel 1, Doel 2 et Tihange 1. Rien n’avait été décidé pour les 4 autres réacteurs dont la fermeture devrait suivre entre 2022 et 2025. Problème : la crise politique a empêché de donner force de loi à ces options politiques voulues par le gouvernement Van Rompuy.

Contrairement à son homologue allemand, le gouvernement fédéral belge s’est montré très attentiste après la catastrophe japonaise. La crise actuelle empêche pratiquement un débat pouvant déboucher sur l’élaboration d’une nouvelle politique. Le gouvernement Leterme se donne du champ en attendant les crash-tests, des tests de résistance des centrales nucléaires du pays, imposés dans toute l’Union européenne. Les résultats pourraient se faire attendre au moins jusqu’à la fin de l’année. Mais pas les débats. Déjà, la commission de l’Economie de la Chambre se penche sur la question de la rente nucléaire ( lire en p. 22). Or celle-ci est forcément tributaire de la programmation de la sortie du nucléaire.

On annonce aussi pour bientôt l’organisation d’Etats généraux de l’énergie qui seront probablement alimentés par une nouvelle étude du Gemix sur la sûreté d’approvisionnement en électricité de la Belgique, commanditée par le ministre de tutelle Magnette (PS). Ce groupe d’experts avait, en 2009, recommandé de prolonger la durée vie des trois plus vieux réacteurs compte tenu du manque d’énergies alternatives disponibles.

Le ministre de l’Energie s’est avancé à titre personnel lors d’un débat à la FGTB en disant qu’il  » n’est pas techniquement impossible de fermer quelques centrales « . Concrètement : fermer Doel 1 et 2 en 2015 et Tihange 1 en 2020.  » Mais il faudrait assumer « , avait-il dû préciser à la Chambre. Sous-entendu : payer le prix, trouver des approvisionnements alternatifs, et dépendre encore un peu plus de la France.  » Ceci impliquerait que nous contribuerions indirectement au développement du nucléaire des pays voisins et que nous aurions moins d’emprise sur la sûreté de ces installations. « 

La Belgique étant ce qu’elle est, beaucoup, dans ce débat, dépendra des Régions car ce sont elles qui sont compétentes pour les énergies renouvelables. Le ministre fédéral et les ministres régionaux se sont encore rencontrés cette semaine pour faire avancer un plan visant la probabilité d’atteindre 100 % d’énergies renouvelables en 2050. Le ministre Magnette a évoqué l’idée d’un pacte énergétique. Même si le fédéral peut, par exemple, opter pour des centrales turbines gaz-vapeur, le calendrier de l’abandon du nucléaire est largement tributaire de la capacité des Régions à offrir l’électricité verte compensatoire nécessaire aux particuliers et aux entreprises. Le mercredi 8 juin, un panel d’acteurs de l’énergie et les partenaires sociaux se sont réunis afin d’identifier les obstacles aux investissements et proposer des pistes d’amélioration susceptibles de faciliter la transition entre l’exploitation de l’énergie nucléaire et son abandon.

Le débat belge reste flottant. Les études commanditées vont l’objectiver alors que les partis se creusent les méninges ( lire en p. 28).

P.S.

Magnette imagine un pacte énergétique avec les Régions

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