Trop peu d’étudiants dans le supérieur

Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

L’absence d’université et les conditions économiques expliquent, en partie, pourquoi Charleroi n’atteint pas le taux belge de citoyens diplômés. Des réflexions sont menées pour attirer une offre d’enseignement supérieure cohérente.

Une université à elle. Voilà une fleur que Charleroi n’a jamais pu accrocher à son chapeau. A regret : outre l’impact que peut avoir cette absence sur l’état de l’enseignement supérieur carolo, une université draine bon nombre de perspectives de développement économique.  » L’idée d’une université propre à Charleroi n’est plus dans l’air du temps. La ville a laissé passer sa chance au moment où l’aile francophone de l’UCL a dû se délocaliser en Wallonie. A cette époque, l’hypothèse d’une implantation carolo a été étudiée. Sans grand soutien.  » Eric Van Sevenant connaît bien la problématique de l’enseignement supérieur à Charleroi. L’organisme qu’il préside, le Comité subrégional de l’emploi et de la formation (CSEF), a piloté une étude destinée à coucher sur le papier les atouts et les failles du secteur.

Le lien entre emploi, formation et enseignement ne doit évidemment rien au hasard. Mandaté par le Comité de développement stratégique de Charleroi Sud-Hainaut, composé des forces vives de la région, le CSEF s’inscrit dans une logique où la formation et l’enseignement doivent déboucher sur un emploi. Au risque de doper le côté utilitariste de l’enseignement ?  » Non. Le développement personnel des étudiants est évidemment important. Mais s’il existe des métiers où il y a la possibilité de trouver de l’emploi, il faut aussi pouvoir former des gens capables de se les approprier. Il faut mettre en relation la structure de l’enseignement et le contexte économique « , poursuit Eric Van Sevenant.

L’université ouverte en point de mire

Au moment où se tient la table ronde sur l’enseignement supérieur en Communauté française, un état des lieux détaillé de l’enseignement à Charleroi pourrait se révéler indispensable. Dans le rapport rédigé par le CSEF, on peut lire, en effet, que  » la situation est préoccupante « . Les sections de type long (kinésithérapie, sciences industrielles, agronomie) cèdent leur suprématie, en nombre d’étudiants, au profit des cycles courts (les études d’infirmiers, d’assistants sociaux et d’éducateurs étant désormais les plus fréquentées).

Par ailleurs, Charleroi manque globalement d’étudiants dans le supérieur, et nombre de ceux qui s’y engagent le font à l’extérieur de la ville… en y restant après leurs études. D’où une fuite des cerveaux. En Belgique, la moyenne des citoyens diplômés dans le supérieur est de 22 %. A Charleroi, on est à 11 %. La situation socio-économique est évidemment l’une des causes de ce manque de formation. Mais l’absence d’université aggrave le problème. Les différentes institutions académiques francophones disposent, cela dit, d’habilitations pour organiser des cours à Charleroi. Ce qui se fait notamment pour l’ULB ou les Fucam. Mais aucune université n’a, pour le moment, complètement profité de ces habilitations qui ne sont ainsi pas activées.  » Les habilitations ne sont pas mises en £uvre ou elles sont incomplètes. Il en résulte un sous-développement du capital humain. Il faudrait conforter l’étude des sciences du vivant (ce qui existe déjà partiellement avec l’ULB), des sciences de l’ingénieur ou des domaines liés aux pôles de compétitivité BioWin et GreenWin. Nous souhaiterions, au final, que tous les pôles se coordonnent pour offrir à Charleroi une véritable offre cohérente et complémentaire de bacheliers et de masters « , décrypte encore Eric Van Sevenant. Qui rêve de voir le concept de l’université ouverte se développer sur Charleroi,  » qui a toute la légitimité nécessaire « . Un projet qui pourrait être une sorte d' » ensemblier et d’agence de promotion des formations à horaire décalé déjà existantes dans l’ensemble de la Communauté française « , comme on peut le lire dans les conclusions du CSEF. Un nouveau chantier à finaliser pour la région.

Guy Verstraeten

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