Trésors lyriques à l’Opéra de Liège

Barbara Witkowska Journaliste

La saison 2014-2015 s’ouvre avec La Cenerentola de Rossini, se termine avec L’Elisir d’amore de Donizetti, affiche Verdi (Luisa Miller et Rigoletto) et Puccini (Tosca)… Pour ravir les nombreux amateurs d’opéras italiens. Mais bien d’autres émotions sont aussi au programme.

Stefano Mazzonis di Pralafera, directeur de l’Opéra de Liège, aime animer ses saisons par des thèmes conducteurs. Voici donc  » les femmes et les représailles  » : désespérée, Tosca se précipite dans le vide, Gilda, dans Rigoletto, se fait poignarder, Luisa Miller partage une coupe de poison, Manon, condamnée à la déportation, meurt dans les bras de son amant, le chevalier Des Grieux… Les vraies victimes dans l’opéra, ce sont les femmes et le programme de la saison prochaine nous le rappellera une fois de plus. Heureusement, tout ne sera pas aussi dramatique. On pourra se régaler avec des spectacles plus drôles comme Les Joyeuses Commères de Windsor d’Otto Nicolaï. Truffé de péripéties truculentes et excellemment distribué, cet opus très peu joué sera coproduit avec Lausanne et dirigé par Christian Zacharias, le plus important pianiste allemand de sa génération qui poursuit parallèlement une belle carrière de chef d’orchestre.

 » La programmation, c’est un grand puzzle, les choses se mettent en marche progressivement, explique Stefano Mazzonis. Notre programmation est faite jusqu’en 2017, on a presque tous les chanteurs. Comment on procède ? On collecte des informations, on écoute, on discute, il arrive que l’on se mette d’accord sur un projet et il aboutira in fine à tout à fait autre chose ! (rires). Depuis plusieurs années, Patrizia Ciofi souhaitait être Luisa Miller, mais n’était pas libre avant novembre 2014. Je voulais Leo Nucci pour Rigoletto qui n’était pas disponible avant mars 2015. Les metteurs en scène, c’est aussi une question de rencontres. En 2010, Cécile Roussat a mis en scène La flûte enchantée. Nous avons découvert et aimé son univers. De son côté, elle s’est montrée intéressée par La Cenerentola et les choses se sont mises en place.  »

Le programme admirablement agencé s’accompagne de grosses têtes d’affiche. La Cenerentola réunit un plateau de rêve avec Marianna Pizzolato, Bruno De Simone et le jeune ténor russe Dmitry Korchak, tous les trois habitués de La Scala. Annick Massis, l’étoile des coloratures françaises, incarnera l’impétueuse Manon. Luisa Miller sera servi par une distribution brillante : Patrizia Ciofi, Gregory Kunde (admirable interprète d’Othello à Venise) et Nicola Alaimo qui chante souvent au Metropolitan Opera. Et dans Tosca, Ruggero Raimondi sera le redoutable Scarpia, l’un de ses rôles emblématiques.  » Il revient pour me faire plaisir, sourit Stefano Mazzonis. Ruggero adore Liège et notre maison.  »

Mais ce qu’il faut avant tout souligner dans cette saison, ce sont les voix belges. Dans Les pêcheurs de perles de Bizet on retrouvera le trio de très haut vol : Anne- Catherine Gillet, Marc Laho et Lionel Lhote. Isabelle Kabatu sera Tosca (en alternance avec Barbara Haveman) et on entendra Laurent Kubla dans Tosca et dans L’Elisir d’amore.

Signalons, enfin, quatre opéras (au lieu de deux) pour les jeunes.  » C’est un investissement très important, mais notre mission est de former un nouveau public « , souligne Stefano Mazzonis. Cerise sur le gâteau ? Deux récitals 5-étoiles : le contre-ténor américain Bejun Mehta et Juan Diego Florez dont la voix transforme en or tout ce qu’il chante !

www.operaliege.be

Barbara Witkowska

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