Top tendance !

DE MARC OSCHINSKY

Oubliez tout ce qu’on a pu vous dire, ici ou là (mais surtout là), sur les tendances qui feront fureur cet hiver. La seule qui vaille la peine d’être suivie est cette tendance nouvelle à tout contrôler. Une vraie rage, qui traverse toutes les couches de la société, des jeunes issus de l’immigration aux propriétaires de biens immobiliers, deux groupes sociaux pourtant généralement plutôt éloignés.

Vous vous méfiez de la police, que vous soupçonnez de s’en prendre trop assidûment aux membres de votre groupe ? Pas la peine de porter plainte auprès d’un quelconque comité P : cinq jeunes gens tout de noir vêtus et deux Instamatic suffiront pour contrôler les Forces de la Répression et, surtout, pour vous faire gagner votre quart d’heure de gloire, celui que vous attendiez avec tant d’impatience (sinon, autant se faire éducateur de rue).

Vous vous méfiez des candidats-locataires, cette race qui, comme tout propriétaire bien né le sait, ne rêve que de vous escroquer et de faire des trous dans les murs ? Plus la peine de leur faire aveuglément confiance : un petit tour sur un site web, et vous saurez s’ils s’acquittent de leur loyer. Bon, évidemment, ce n’est pas parce que, jusqu’à présent, ils ont toujours payé qu’ils vont continuer à le faire une fois qu’ils auront emménagé chez vous. Mais la base de données qui prédit le comportement futur des locataires n’est pas encore au point (même si, sûrement, il y a quelque part quelqu’un qui y travaille déjà).

Aucune raison d’en rester là. Il se chuchote déjà que le ministère des Finances envisage de privatiser le contrôle des impôts. Dans votre déclaration, juste en-dessous de l’hilarante question « Avez-vous un compte bancaire à l’étranger? », on en ajouterait une nouvelle : « Quel est le nom de votre pire ennemi/e ?  » Ce serait à elle ou lui que reviendrait la tâche d’éplucher votre déclaration. Et, pour détecter les signes extérieurs de richesse, on demanderait aux voisins.

Comme il ne saurait être question de laisser ces contrôleurs agir comme bon leur semble (un abus est vite arrivé), il faudrait contrôler les contrôleurs. Puis, forcément, contrôler les contrôleurs de contrôleurs. Ce système devrait rapidement permettre de supprimer le chômage. Mieux même: pour pourvoir à tous ces emplois de contrôleurs nouvellement créés, il faudra probablement faire venir des travailleurs étrangers.

Pas de panique, cependant: la police les contrôlera.

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