Les activités des petits aérodromes et des ULModromes, en Wallonie, créent des crispations croissantes chez les riverains. Un secteur intouchable?
La Wallonie est-elle un no man’s land juridique en matière d’urbanisme? Depuis qu’il s’est formé en 1999, le gouvernement wallon – et, singulièrement, Michel Foret (MR), son ministre de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire – s’efforce de soutenir que non. Mais, pour convaincre, il faut plus que des discours et de la communication. Ainsi, il y a quelques semaines, une association tout fraîchement créée (la Farauw) avait dressé un bilan édifiant des nuisances créées par les installations aéronautiques « légères » en Wallonie (petits aérodromes et ULModromes). Après avoir mené l’enquête auprès des riverains des sites d’Amougies, Baisy-Thy, Bouillon, Liernu, Maillen et Temploux, elle avait mis en évidence des absences de permis pour les bâtiments, des stockages de carburant illicites, le non-respect des heures de vol prescrites, l’intimidation des voisins protestataires, etc. Elle avait, aussi, épinglé l’impuissance de la justice et les renvois de balles incessants entre les diverses autorités policières. Bref, un certain « esprit »d’abandon des riverains par la puissance publique. Loin de réclamer l’arrêt généralisé des vols des engins, la Farauw réclame simplement, dit-elle, « la fin de l’anarchie » et « le respect élémentaire du droit ».
Mais elle n’est pas la seule à s’émouvoir. Dans les milieux juridiques liés à l’aménagement du sol et à l’environnement, l’évolution de certains dossiers commence à intriguer. Comment comprendre que l’esprit de dispositions fondamentales du code en vigueur (le « Cwatup », récemment modifié) soit presque systématiquement contourné? Peut-on admettre la double casquette d’un homme, à la fois avocat des exploitants et homme politique influent, proche du pouvoir en place? Est-il normal que des permis d’environnement soient délivrés pour leur durée maximale (vingt ans) alors que les infrastructures au sol sont réputées « provisoires » selon le nouveau code? Récemment questionné par un parlementaire de l’opposition, qui faisait écho aux doléances de la Farauw, Michel Foret a préféré tourner autour du pot, rappelant des banalités réglementaires et évitant les questions de fond de la Farauw. S’il veut convaincre, pourtant, le ministre devra rapidement épurer les dossiers épineux du passé et, pour l’avenir, séparer le bon grain de l’ivraie. Son coreligionnaire fédéral, Didier Reynders, ne cache pas, lui, ses questions au sujet de la situation fiscale étrange de certains aérodromes et ULModromes. Mais, à la Région, on préfère peut-être voir les choses autrement…
Ph.L.