Téléphonie, Internet mobileProfitez de la guerre des prix

Après quinze ans à se disputer les appels vocaux et les SMS, Belgacom et Mobistar s’affrontent sur le terrain de l’Internet mobile. Premières initiatives d’envergure. Au moment où les tarifs téléphoniques sont dans le collimateur du gouvernement. Une occasion pour consommer moins cher.

Une redevance mensuelle de 67 euros majorée de 0,55 euro par minute d’appel ! C’est, en valeur constante, ce que coûtait l’utilisation du GSM lors de son lancement en Belgique. Si la chute enregistrée depuis janvier 1994 est indéniable, elle demeure insuffisante aux yeux de Johan Vande Lanotte (SP.A).  » Nous allons nous pencher sur les tarifs de la téléphonie une fois le dossier des prix de l’énergie réglé, a confirmé à De Morgen un porte-parole du ministre chargé de la Protection des consommateurs. Les tarifs seront comparés à ceux pratiqués à l’étranger et c’est sur la base de cet état des lieux que des solutions seront élaborées en groupes de travail.  »

Bien que les résultats de cette étude ne soient pas attendus avant l’automne, ils ne font guère de doute chez Test Achats.  » Les prix belges sont beaucoup trop élevés, affirme David Wiame, qui y analyse le secteur des télécoms. Nous payons jusqu’à quatre fois plus cher que nos voisins. Pour prendre le seul exemple d’un SMS, nous estimons son coût de revient à 0,01 euro alors qu’il est facturé dix fois plus en moyenne.  » Principal coupable ? Le manque de concurrence.  » Proximus (Belgacom), Mobistar et Base détiennent 90 % du marché. Et les opérateurs virtuels, qui fonctionnent en louant ces réseaux, sont confrontés à des consommateurs qui n’aiment pas changer leurs habitudes. « 

Selon Test Achats, l’arrivée du duo VOO/Telenet comme quatrième opérateur ne devrait pas changer la donne.  » Aucun des deux n’a la réputation d’un casseur de prix, poursuit David Wiame. Leur premier objectif vise à proposer des packs quadruple-play à leurs clients, service pour lequel Telenet est actuellement contraint de louer le réseau de Mobistar.  » Chez VOO, on n’en dit pas plus. La porte-parole, Marie-Pierre Dinsart, confirme seulement que l’offre de téléphonie mobile sera lancée au plus tard en janvier prochain.

Même si le marché de la voix demeure stable, il semble avoir atteint son apogée et se voit de plus en plus concurrencé par celui des données (d’après le groupe Ericsson, celles-ci l’emporteraient déjà dans certains pays). Rien de tel en Belgique où, selon Mobistar, le trafic  » data  » occupe aujourd’hui 14 % des transmissions mobiles contre 7 % il y a deux ans. Mais la tendance de fond est réelle et a décidé les deux principaux opérateurs à passer à la vitesse supérieure.

Internet partout

Ainsi, dès ce 16 avril, Belgacom offrira un quota de données mobiles à tous ses abonnés à l’Internet fixe. Selon leur formule d’abonnement, ils recevront un volume mensuel de 50 Mb à 1 Gb à utiliser avec leur smartphone.  » Toutes ces données sont évidemment complémentaires à celles que nos clients consomment via notre réseau de wi-fi communautaire, précise Haroun Fenaux, porte-parole de l’opérateur. Ce réseau partenaire de Fon compte 500 000 hotspots en Belgique et, depuis un récent accord avec SFR en France, près de 10 millions dans le monde. « 

Chez Mobistar, les offres d’abonnement ont été réorganisées cette semaine et voient apparaître la première formule d’Internet mobile illimité. Pour 90 euros par mois, en plus des appels et SMS illimités, le client pourra surfer à volonté.  » C’est une réponse concrète à un besoin exprimé par une partie de nos abonnés, explique le patron de la filiale de France Télécom-Orange, Jean Marc Harion. La douzaine d’offres que nous avons créées se veulent aussi personnalisées que possible. Exemple parmi d’autres, pour 10 euros par mois, les adeptes des réseaux sociaux ont un accès illimité à Facebook et à Twitter, en plus de 30 minutes d’appels, de 300 SMS et 25 Mb d’Internet mobile. « 

Autre nouveauté annoncée par Mobistar (qui devance sans doute de futures exigences légales) : la suppression de la durée d’engagement. Désormais, en fin de mois, l’abonné pourra changer de formule, voire d’opérateur, sans aucun frais.  » Mais s’il souhaite s’engager pour un an, il bénéficiera d’une remise de 20 % sur le montant de son abonnement, dit encore Jean Marc Harion. C’est une manière de le remercier de sa fidélité. Cette formule est synonyme de liberté. C’est comme pour un mariage : ce n’est pas le contrat qui fait la solidité du couple, mais la qualité de sa relation. « 

Si l’activité des opérateurs mobiles se dirige de plus en plus vers le trafic de données, le paradoxe veut qu’une certaine forme d’appels vocaux risque d’amplifier le mouvement. Des logiciels similaires à Skype, qui permettent de téléphoner gratuitement ou à petits prix par ordinateur, se déclinent aussi en versions pour smartphones. Résultat ? En Internet mobile, une communication vocale  » déguisée  » en données peut coûter moins cher qu’un appel traditionnel. D’où une menace réelle pour ceux dont le modèle économique reste centré sur les appels classiques.

De la 3G à la 4G

Cette inflation de l’Internet mobile contraindra aussi les opérateurs (et les consommateurs) à s’équiper en conséquence : les réseaux actuels seront incapables de traiter les ressources dont sont notamment gourmands les jeux et vidéos en ligne. D’où le passage à la technologie 4G, synonyme d’augmentation et d’accélération de transfert des données. Le système est déjà présent au Japon et aux Etats-Unis, et Belgacom l’expérimente sur quelques zones restreintes depuis l’an dernier. Il devrait être déployé au rythme de l’arrivée de téléphones compatibles sur le marché.

Et comme une autre confirmation du développement de l’Internet mobile, le GSM cède progressivement la place au smartphone. Selon une étude menée par le cabinet Gfk en Belgique, nous avons acheté l’an dernier un  » téléphone intelligent  » pour deux GSM traditionnels. Et les prévisions tablent sur une accélération du mouvement cette année.

Reste que si les formules d’abonnement feront davantage référence à des volumes de données qu’à des minutes d’appels, certaines subtilités linguistiques ne changeront pas. Ainsi, un forfait illimité devrait continuer à signifier… limité. Alors que la plupart des opérateurs se contentent d’évoquer une  » utilisation normale « , Mobistar pousse la transparence jusqu’à quantifier… l’illimité : en Internet mobile, il équivaut à 2 Gb par mois.

LAURENT HOVINE

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