Sommet francophone

Barbara Witkowska Journaliste

Composé de trois solistes exceptionnels, dont Lorenzo Gatto, le Trio Saint-Exupéry donnera des frissons au public de Charleroi.

Lorenzo Gatto entame une carrière internationale de soliste dont on n’a pas fini de parler. Il s’est aussi associé avec la pianiste suisse Béatrice Berrut et la violoncelliste franco-belge Camille Thomas pour former le Trio Saint-Exupéry, une formation d’élite dont l’avenir est riche de promesses. Rencontre avec le violoniste préféré des Belges.

Le Vif/L’Express : Qu’allez-vous jouer à Charleroi, ce 21 novembre ?

Lorenzo Gatto : Les trios de Brahms, de Haydn et de Mendelssohn (1). Celui de Brahms est notre trio fétiche, on adore cette musique honnête, belle et humaniste. L’objectif est de jouer ses trois trios, mais on préfère prendre notre temps, en respectant le travail de soliste de chacun.

Comment est né le Trio ?

Béatrice et Camille se sont connues au Conservatoire de Berlin. J’ai joué avec Camille à Enghien. Tout s’est fait naturellement, il y a deux ans. C’est une bonne formule, on travaille à fond, sans trop de pression. Nous avons suivi quelques cours avec Menahem Pressler, un des pères du trio. Notre répertoire se focalise sur la tradition romantique allemande, surtout Brahms où on est très à l’aise. On aime aussi Schubert et Arensky.

Pourquoi avoir emprunté le nom à Saint-Exupéry ?

Nous sommes passionnés d’aviation. Béatrice a un brevet de pilote, elle songe même à une carrière de pilote de ligne, à mi-temps. Moi, j’ai une licence d’ULM depuis mes 16 ans et, aujourd’hui, une licence de pilote. On aime aussi la littérature, notamment Saint-Exupéry. Son oeuvre est basée sur le concret, très ancrée dans la réalité et en même temps empreinte de poésie et d’imagination. Saint-Exupéry est un écrivain francophone qui s’exporte bien, les anglophones l’apprécient. Nous sommes un trio francophone. Nous nous sentions proches du personnage. La Fondation Saint-Exupéry a accepté que nous prenions le nom, tout en nous soutenant.

Quel genre d’émotions ressentez-vous en pilotant ?

Le vol, c’est le seul moment où je ne pense à rien d’autre. Quand on pilote, on est concentré uniquement sur le vol. C’est toujours un moment d’harmonie et de bonheur, une réelle rupture avec mon travail et avec tous les problèmes qu’il y a autour.

A 26 ans, vous êtes sollicité dans le monde entier. Avez-vous un plan de carrière ?

Non, mais j’ai un plan personnel. Je voudrais avoir une vraie solidité violonistique et travailler le son de l’instrument. Le violon est un instrument profond, sensuel et lyrique. Il doit envoûter par sa sonorité. C’est cela que je recherche et ça prend du temps. Il faut d’abord trouver une stabilité physique pour être ensuite au service de l’intuition. Tenir le violon, c’est très difficile. Il faut oublier son corps et retrouver le naturel pour un instrument qui ne l’est pas du tout. Le violon, c’est du yoga, tout est lié, musique et technique. Je voudrais jouer du violon comme José Van Dam chante, avec simplicité et évidence. Aujourd’hui, on veut jouer fort et être brillant, on fait des amalgames. Or, il faut avoir un grand son, mais ne pas jouer fort. Mon objectif est de trouver des projets qui me permettent de réfléchir et de choisir. Je commence à travailler l’intégrale des sonates pour piano et violon de Beethoven (2) avec Julien Libeer, jeune pianiste belge très talentueux. Le projet aboutira fin 2014, début 2015. C’est agréable d’avoir du temps.

(1) Trio Saint-Exupéry, au Palais des Beaux-Arts de Charleroi, le 21 novembre. www.pba.be

(2) Lorenzo Gatto, Concerto pour violon de Beethoven, orchestre Le Concert Olympique à Flagey, à Bruxelles, le 15 novembre. www.flagey.be

Barbara Witkowska

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