Singe en ville

Convaincu qu’il faut donner, enfin, des facilités de stationnement aux soignants en visite à domicile, un généraliste a imaginé le système Singe. Avec l’espoir de le voir se généraliser partout, y compris en Europe

Sans une grosse colère du Dr Alain Marchandise, médecin généraliste à Bruxelles, le Singe ne serait jamais descendu de l’imagination d’un homme. Le Singe (traduisez : Stationnement illicite non gênant exigé) n’est encore qu’un petit sigle, reconnu par personne, et sûrement pas par la police ou les agents qui verbalisent les docteurs en stationnement interdit ou en infraction de roulage. Pourtant, selon le Dr Marchandise et ses collègues, ce Singe pourrait devenir un jour un habile passe-partout. Accroché au rétroviseur ou posé sur le pare-brise, ce sésame leur permettrait d’effectuer des visites à domicile et de soigner des malades chroniques, en état d’urgence ou pas, sans risquer de lourdes amendes. Ce sigle leur éviterait de tourner de trop longues minutes pour trouver des emplacements de parking proches de leurs lieux d’intervention puis de perdre, ensuite, quelques minutes supplémentaires (et des euros) en allant chercher un ticket de paiement.

Bien sûr, il pourrait y avoir une disposition fédérale afin de régler, une fois pour toutes, ce problème qui plombe la vie des généralistes, des infirmières ou des kinés qui soignent à domicile. Mais ce serait trop simple ! Donc, en pratique, dans chaque ville, dans chaque commune, on se montre plus ou moins tolérant face aux infractions routières des soignants.  » Nous avons une obligation de secours, qui devrait prévaloir aux yeux des juges, s’insurge le Dr Marchandise. Mais, en pratique, ce n’est généralement pas le cas, et les médecins sont systématiquement condamnés.  » Parfois très lourdement.

A Bruxelles, depuis 2005, un accord permet d’être théoriquement couvert (et exempté de poursuite) en cas d’urgence stricte.  » Insuffisant !  » tonne le généraliste jusqu’au-boutiste, qui entend bien faire reconnaître son Singe. En France, en Italie, en Grande-Bretagne, son idée séduit et fait des émules – preuve, hélas, que les médecins n’y sont pas mieux traités.

 » Nous ne réclamons aucun passe-droit pour aller faire nos courses ou chercher les enfants à l’école. Mais lorsque nous rendons un vrai service à la population, nous estimons qu’il faut nous faciliter la vie, et pas nous la pourrir. Et si nous revendiquons le droit de mal nous garer, ce ne sera jamais en mettant en péril la sécurité ou le passage des piétons et des voitures : nous avons défini des règles très claires afin de le garantir. Et puis, le Singe nous donnera parfois la chance, aussi, de gagner quelques minutes salutaires lorsque nous avons été appelés pour un mal de ventre… qui se révèle une urgence vitale.  » En gros, on peut aimer le Singe sans être bête soi-même. Avis aux autorités.

Pascale Gruber

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