Rudy Aernoudt veut une autre Belgique

Poil à gratter de la classe politique flamande et chantre de la bonne gouvernance, l’ex-haut fonctionnaire et ex-cabinettard mobilise l’opinion pour une  » Belgique autrement « . Le nom de son nouveau groupe de réflexion est déjà tout un programme.

Rudy Aernoudt frappe encore. Limogé du sommet de l’administration flamande à l’automne dernier après ses critiques acerbes contre la gestion du cabinet de Fientje Moerman (Open VLD), l’ancien haut fonctionnaire, qui fut aussi chef de cabinet du ministre wallon Serge Kubla (MR), n’est jamais resté sur la touche. Son combat pour une Belgique gérée à mille lieues des querelles partisanes et de la mêlée communautaire, il choisit de le poursuivre au sein d’un groupe de réflexion qu’il veut apolitique.  » Belgique autrement « , c’est son nom, a pour l’heure séduit une poignée de personnalités flamandes, wallonnes et bruxelloises. Au profil de managers et de dirigeants d’entreprise, pour la plupart. Comme Eric Domb (Union wallonne des entreprises et patron du Parc Paradisio) ou encore Adrienne Axler (Sodexho). Ce samedi, ce nouveau club tient son premier colloque sur l’avenir du pays.

A votre initiative, la Belgique s’enrichit d’un nouveau groupe de réflexion. Un de plus… Où est la nouveauté ?

E Ce groupe ne va pas seulement réfléchir, il va aussi agir sur l’avenir de la Belgique. En organisant des colloques, en élaborant un business plan, en rédigeant un Livre blanc, en mobilisant l’opinion publique. Nous voulons utiliser tous les moyens pour peser sur le débat politique.

Baptiser ce groupe en faisant explicitement référence à la Belgique, ce n’est évidemment pas innocent…

E A l’inverse d’un groupe comme In de Warande, dont le fonds de commerce vise le séparatisme, nous voulons agir pour la Belgique, à la condition qu’elle soit gérée autrement. Le potentiel belge est énorme, mais sous-exploité à cause des sempiternelles querelles entre Flamands et francophones. Nous voulons que la Belgique et Bruxelles soient utilisées comme une marque de fabrique.

Quitte à vous taxer de belgicain nostalgique ?

E Nous ne plaidons pas pour la Belgique de papa, mais pour la Belgique de nos enfants. Il n’y a pas de honte à se sentir belge. Cela n’exclut pas de se sentir aussi flamand et européen.

 » Belgique autrement « , c’est aller à contre-courant de tout ce qui se fait actuellement ?

E Il faut créer un déclic mental, il faut positiver. Au lieu de se quereller entre francophones et Flamands sur tout et sur rien, nous devons valoriser l’atout du multilinguisme. La réforme institutionnelle ne doit pas être un but en soi, elle doit systématiquement être examinée sous l’angle du coût-bénéfice.

La classe politique a tout faux, à vos yeux ?

E La Belgique est une chose trop sérieuse pour la laisser entre les seules mains des politiciens. Regardez le gaspillage d’énergie que le pays a connu ces dix derniers mois. Nous ne sommes pas à la crèche, tout de même ! Ce n’est pas de la faute des politiciens, ils sont prisonniers d’un système. Le groupe que nous lançons veut être la voix du bon sens.

Tout de même, nous avons enfin un gouvernement qui gouverne…

E C’est mieux que rien, d’accord. Mais que dire de plus ? Ce gouvernement n’a pas vraiment de programme. Et les petits jeux infantiles entre francophones et Flamands continuent. Assez perdu de temps ! Utilisons nos énergies pour une gestion plus rationnelle du pays.

Pourquoi ne pas franchir vous-même le pas en descendant dans l’arène politique ?

E Le mouvement d’opinion que nous voulons lancer aura plus de poids qu’un nouveau parti politique. Pour exercer une influence, je suis mieux placé au sein d’un groupe de réflexion qu’en me liant à un parti politique. J’aime la politique au sens noble du terme. Et je ne veux pas entrer dans un petit jeu politicien que je veux précisément casser.

Propos recueillis par Pierre Havaux

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