Retour en selle

Boonen est déjà relancé, d’autres Belges se tiennent en embuscade : la saison de l’après-Armstrong a commencé

Tom Boonen exulte. Le champion du monde en titre vient de remporter le Tour du Qatar en s’adjugeant quatre des cinq étapes. Mais outre le succès final, c’est la manière avec laquelle le récent vainqueur du Trophée national du mérite sportif s’est imposé qui a impressionné l’ensemble du peloton. A l’issue de la course, le leader de la Quickstep-Innergetic en a même rajouté une couche en claironnant haut et fort qu’il n’avait pas encore retrouvé la forme qui était la sienne l’an dernier. Alors info ou intox ? La réponse viendra probablement assez rapidement. En effet, sur la lancée de son époustouflante saison 2005 conclue par son triplé historique (Tour des Flandres, Paris-Roubaix et championnat du monde), Boonen a déjà annoncé que son premier objectif pour 2006 serait une victoire lors du circuit Het Volk, le premier rendez-vous majeur de la nouvelle saison cycliste en Belgique, ce samedi 25 février. A 25 ans à peine, le grand Tom se profile donc à nouveau comme l’homme à battre lors des classiques printanières. Mais le Campinois n’a qu’une seule idée en tête, franchir en vainqueur la ligne d’arrivée sur la via Roma en mars prochain au terme de la classique Milan-Sanremo. A côté de cela, le Tour des Flandres, Paris-Roubaix et le maillot vert lors du prochain Tour de France font naturellement partie de ses autres objectifs. Son plus grand concurrent à la Primavera sera finalement… son coéquipier Paolo Bettini qui rêve également de s’imposer lors du Tour des Flandres et du Mondial de Salzbourg. A 31 ans, le triple vainqueur de la Coupe du monde va tenter d’empocher les seules victoires qui manquent encore à son palmarès déjà impressionnant.

Leadership vacant

Mais bien plus que les interrogations sur la présence de réels concurrents pour contrer les ambitions de Boonen dans les courses d’un jour, deux questions primordiales reviennent sans cesse à l’aube de cette saison cycliste 2006. La première concerne le successeur de Lance Armstrong sur les routes du Tour de France après sept années de succès sans partage. Ce n’est pas un secret, la retraite du Texan a été accueillie avec beaucoup de satisfaction par les organisateurs de la Grande Boucle. En effet, les soupçons de dopage récurrents et l’image peu sympathique de l’Américain n’étaient pas des éléments favorables permettant d’accentuer encore la popularité de la plus grande et la plus belle course du monde. La succession d’Armstrong est donc ouverte et la liste des prétendants ne manque pas d’allure. En tête de celle-ci, l’Allemand Jan Ullrich enfin débarrassé d’un adversaire face auquel il avait toujours nourri de grands complexes. A 32 ans, le vainqueur de l’édition 1997 du Tour sait que son temps est compté et que l’épreuve est l’objectif prioritaire de l’équipe T-Mobile – tout comme Paris-Roubaix d’ailleurs – pour 2006. De plus, avec les départs du sprinter Erik Zabel, qui a rejoint la nouvelle équipe Milram, et du Kazakh Alexandre Vinokourov, qui supportait mal l’ombre de l’enfant terrible du cyclisme allemand, l’équipe sera totalement à son service. L’Allemand devra lutter, notamment, avec l’Italien Ivan Basso et avec l’Espagnol Alejandro Valverde.

Chez Discovery Channel, le directeur sportif belge Johan Bruyneel espère que son équipe orpheline d’Armstrong mettra sur orbite deux autres Américains susceptibles de lui succéder sur les Champs-Elysées : le fidèle lieutenant George Hincapie, vainqueur l’an dernier de la grande étape pyrénéenne du Tour, ou le prometteur Tom Danielson, huitième du Tour d’Espagne l’an dernier.

Le Tour de France mais aussi les deux autres grandes courses par étapes, le Giro (qui partira de Belgique) et la Vuelta espagnole, font l’objet d’une épreuve de force entre leurs organisateurs et l’Union cycliste internationale. Qui en sortira vainqueur ? C’est la deuxième grande interrogation de la saison 2006. Loin du peloton et des podiums, et pourtant tout près, le cyclisme est confronté à une crise interne très grave. Les organisateurs des trois grands Tours ne trouvent pas leurs comptes dans le trophée ProTour qui réunit les principales équipes et les plus grandes courses du calendrier annuel. Des discussions, à l’initiative des équipes et des sponsors, avaient repris entre les différentes parties mais la tenue de la table ronde entre tous les acteurs a tourné court. L’UCI a tout simplement refusé la création d’un Trophée des trois grands Tours qui avait été imaginé par leurs organisateurs afin de récompenser financièrement les meilleures équipes si elles participent aux trois épreuves. La formule devait aussi laisser aux organisateurs le pouvoir de choisir les équipes participantes, sans être liés par les règles du ProTour qui cadenassent tout. Ils veulent, notamment, faire intervenir des critères éthiques pour, éventuellement, écarter des écuries traînant des casseroles en matière de dopage. En l’absence d’accord, le cyclisme se trouve à nouveau dans une impasse dans laquelle seuls les tribunaux pourront débloquer la situation.

Laurent Toussaint

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