» Quéne afêre… « 

Papa est en pleine forme.  » Officiellement, il fait face. Pour mieux donner le change ? Car, si le vieux lion n’est pas mort, beaucoup prétendent que son règne touche à sa fin. Fini de rire, l’heure s’annonce grave. Même la justice s’en mêle. Une information judiciaire est en cours, le conseil de déontologie du PS examine la  » problématique  » de son ex-cabinet révisoral, les articles gênants pleuvent dans la presse, Michel Daerden traverse une mauvaise passe.  » La minute de vérité approche « , se réjouissent, déjà, ses ennemis. Le surdoué des montages financiers complexes, célèbre pour ses frasques médiatiques, serait dans de sales draps.

La fin d’un  » système  » ? Possible. Un système protégé par le silence de nombreux camarades au parfum depuis belle lurette. A commencer par Elio Di Rupo, avec lequel Daerden a partagé bien des aventures politiques. Pendant des années, tous ont fermé les yeux sur les façons pas très catholiques du  » Gainsbourg  » belge de gérer le business. Le sien et celui des organismes publics. Intouchable, Papa.  » Gestionnaire hors pair « ,  » intelligence supérieure « , il les épatait tous. Mais surtout, il faisait des voix, beaucoup de voix, et tirait les plus grosses ficelles au sein de la grande fédération liégeoise du PS. On connaît la chanson. Il suffit d’un genou à terre pour que aussitôt les dagues sortent.  » A Charleroi, le pire est derrière ; à Liège, il est devant « , prédit l’échevine carolo socialiste Ingrid Colicis. De fait, dans la Cité ardente, désormais la brèche est ouverte. L’affrontement entre le clan Marcourt-Demeyer-Mathot, d’un côté, et celui de Daerden & Co, de l’autre, s’annonce sans pitié.

C’est Alain Mathot, le premier, qui est sorti du bois. Le  » petit  » a grandi, pris de l’assurance au point d’oser revendiquer la tête de liste socialiste (coulée, paraît-il, dans un accord signé entre tous les ténors liégeois, y compris Daerden), aux élections fédérales de 2011. Une place convoitée, aussi, par le ministre des Pensions lui-même, qui voit là une belle opportunité de rebondir dans un contexte plombé. Lâché par de nombreux (ex)-amis, isolé à Bruxelles loin de son cocon, privé de la manne budgétaire wallonne qui lui permettait d' » arroser  » ses obligés à la tête des communes ou parastataux du sud du pays, il doit affronter, en prime, une offensive flamande menée, bille en tête, par un SP.A bien décidé à décrocher son scalp. Mais on le sait bien, Daerden n’est pas un perdreau de l’année ; des trucs et astuces, il en a plein les poches, sans parler de dossiers qu’il détiendrait sur de nombreux camarades. Et s’il se mettait à table ?  » Quéne afêre ! « 

Il n’empêche. C’est bien de la fédération liégeoise que partent les coups les plus rudes. Une fédération en pleine ébullition. Dans un premier temps, prudentissimes, Jean-Claude Marcourt et Willy Demeyer attendraient de  » voir le fruit tomber « . D’autres flottent et se terrent. Mais même si, aujourd’hui, les opposants sont encore en ordre dispersé, ils laissent percevoir de bien longues dents. Leurs revendications dépassent, en effet, largement l’affaire Daerden. Ils n’en démordent pas : Liège est sous-représentée dans le jeu politique socialiste. Et de lorgner du côté de la présidence du parti, d’un poste de vice-Premier ministre fédéral ou de ministre-président régional… A  » Lîdje « , l’après-Papa est lancé.

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Il suffit d’un genou à terre pour que aussitôt les dagues sortent

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