Quelle société pour nos enfants ?

Quelle société souhaitons-nous pour nos enfants ? Parce qu’elle est une image miniature de la société, l’école est un lieu de socialisation : aller à l’école, c’est apprendre à se lever, à se donner un horaire, à rencontrer les autres dans leur diversité, à dialoguer avec eux. (…). Mais pourquoi donc y a-t-il  » surpopulation carcérale  » ? Outre son rôle de socialisation, l’école est un haut lieu d’apprentissage. Si, pendant des siècles, l’école fut quasi le seul endroit où l’on apprenait, il faut le reconnaître, elle n’a plus l’exclusivité du savoir. Les médias, l’informatique et bien d’autres inventions ont permis la circulation rapide de l’information, sa diffusion et son stockage. Mais les règles de base, celles qui justement apprennent à tout un chacun à comprendre et à décrypter l’information s’acquièrent rarement seul devant un écran. Mais pourquoi donc 20 % de la population belge est analphabète ? Le savoir-faire est souvent le fruit de la répétition assidue d’un même geste, d’une technique sous l’£il attentif d’un maître. Mais, faute de maîtres qualifiés (dans certaines régions de la Communauté, près de la moitié des cours sont donnés par du personnel  » sous-qualifié « ), les futurs travailleurs ne trouveront pas de travail. Certaines firmes (entre autres, Belgacom) préfèrent dorénavant recruter à l’étranger. Allons-nous laisser nos jeunes grossir d’année en année les rangs du chômage ? Nos enfants doivent-ils payer le prix de l’ingérence de nos politiciens ? Alors que les banques renouent déjà avec les bénéfices, le coût de l’enseignement doit-il être réduit ? Par vagues successives de mesures, nos politiques ont ruiné l’école, vilipendé les enseignants parfois avec le consentement béat d’une partie de la population. Les profs ont tellement été salis dans l’opinion publique que les jeunes ont fui  » le plus beau métier du monde « . Le parcours chaotique de la carrière et les difficultés grandissantes du métier ont fini par décourager les plus déterminés. (Cinq ans après leur sortie des Ecoles normales, 50 % des jeunes enseignants quittent la profession.) Nous connaissons déjà une pénurie et l’hémorragie n’est pas près de se terminer. (…). Mais pourquoi diable le métier n’attire-t-il plus ? Investir dans l’enseignement, c’est soutenir, à long terme, le projet d’une société stable, heureuse et pacifique. La jeunesse, c’est l’avenir. N’hypothéquez pas ses possibilités de relever le pays.

André Haidon, professeur de cours philosophique, Tournai, par courriel

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