Prisonniers dans l’espace

Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

Ex-complice de Jean-Pierre Jeunet et imagier de talent, Marc Caro fait son retour avec un Dante 01 malheureusement décevant.

La prison spatiale a été mise en orbite autour d’une planète hostile, baptisée Dante, à l’atmosphère mortelle. Des criminels d’une dangerosité particulière y sont enfermés, surveillés par des gardes et quelques scientifiques qui se livrent sur eux à de mystérieuses expériences. L’arrivée à bord d’un nouveau détenu, aux pouvoirs parapsychologiques défiant tout entendement, va modifier la donne tant parmi les prisonniers que chez des responsables vite dépassés par la tournure des événements… Tranche de science-fiction sérieuse mâtinée de références christiques, Dante 01 est largement influencé par l’univers de Solaris, le roman de Stanislas Lem adapté au cinéma par Andrei Tarkovski (en 1972), puis par Steven Soderbergh (en 2003). Ce film d’une facture plus classique qu’attendu marque le retour à la réalisation de Marc Caro, un créateur dont l’imagerie singulière a marqué le début des années 1990, quand son tandem avec Jean-Pierre Jeunet révolutionnait le cinéma français.

Quelques courts-métrages, dont le fameux Bunker de la dernière rafale, précédèrent le très épatant Delicatessen (1991) et l’ambitieuse Cité des enfants perdus (1995), avec un impact énorme que la complicité du plus narratif Jeunet et du très visuel Caro justifiait pleinement. Son ami et coréalisateur ayant poursuivi sa voie en solo, avec le succès qu’on sait ( Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, c’est lui), l’homme au crâne rasé s’en alla collaborer avec Jan Kounen (de la direction artistique de Vibroboy aux hiéroglyphes de Blueberry), tout en essayant de monter une adaptation de La Chasse au Snark, le poème génial de Lewis Carroll. C’est suite à l’échec de ce dernier projet que Caro résolut de tourner Dante 01, nécessitant un budget moins important et le ramenant d’une certaine manière à l’esprit de ses courts-métrages de science-fiction dont le mémorable Bunker… coréalisé avec Jeunet dans les années 1980. Pour la toute première fois, il se charge lui- même de la direction d’acteurs, au nombre desquels on retrouve, notamment, l’interprète fétiche de Delicatessen et de La Cité des enfants perdus, Dominique Pinon. Ce dernier incarne un criminel psychopathe et manipulateur, dont l’autorité sur les autres détenus se verra bousculée par l’arrivée du  » Saint Georges  » que campe Lambert Wilson. L’univers visuel de Dante 01 ne se distingue malheureusement pas assez d’une imagerie que, certes, Caro contribua jadis à créer, mais qui apparaît aujourd’hui d’autant plus datée que le propos qui s’y inscrit n’évite pas les clichés.

Louis Danvers

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