Président bien dans ses bottes

Cul-des-Sarts porte bien son nom. C’est un petit coin perdu de Wallonie, tout en bas, près de la frontière française, plus loin que Philippeville et même Couvin. Il faut, pour y arriver, traverser de belles forêts, longer des rivières, accepter la défaillance du réseau de mobilophonie et… tomber nez à nez avec un président d’intercommunale atypique, naturaliste sans être écolo, chaussé de bottes, débordé par un boulot très terre à terre. Claudy Noiret, 43 ans, préside et fait tourner la petite Intercommunale des eaux des Rièzes et Sarts (IERS) depuis 2000. Dans ce village de 800 habitants qui fait partie de Couvin, on loue ses efforts. Noiret a repris un machin dont plus personne ne se souciait, qui faisait 30 000 euros de pertes annuelles. Il s’est investi dans ce job ingrat. Il a colmaté les brèches et responsabilisé les fontainiers chargés de réparer les fuites – elles étaient nombreuses. Il a fait du porte-à-porte pour convaincre les fermiers du coin de payer leur dû. Et voilà qu’aujourd’hui on l’oblige à fusionner.  » Son  » IERS va devoir coopérer avec une autre intercommunale qui dessert la région, l’IECE. Pis : Couvin va perdre les eaux. Sacrebleu ! L’IERS et l’IECE vont être avalées par l’Inasep, une intercommunale à plus large spectre, basée près de Namur. Au cabinet du ministre Philippe Courard (PS), on se frotte les mains. Voilà une fusion qui roule. Car, en fin de compte, les autorités communales de Couvin n’ont guère résisté.  » Chez nous, le réseau était vraiment très mauvais, commente Anne-Marie Janssens, la présidente de l’IECE. Pour chaque mètre cube vendu, on en distribuait trois. A cause des fuites ! L’usure des canalisations exigeait des travaux d’ampleur, que la commune est incapable d’assumer.  » La présidente touche actuellement 650 euros brut par mois pour cette fonction et prétend qu’elle y renoncera sans difficulté.  » En revanche, je me suis battue pour la dizaine d’emplois en suspens. Tous les jobs sont préservés. Et Couvin gardera ses fontainiers. Ce qui garantit une politique de proximité.  » Pour Noiret, la fusion charrie bien entendu quelques frustrations et une bonne dose d’inquiétude.  » C’est comme lors de la fusion des communes : fera-t-on réellement mieux à plus grande taille ?  » Mais tous deux convergent pour admettre que l’union des forces était de toute manière inscrite dans les astres. Une question de pression du marché. Bientôt, rentabilité oblige, le nombre d’opérateurs pourrait sévèrement baisser. Et le prix de l’eau augmenter aussi vite ?

Ph.E.

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