Pour l’amour de l’art

A la région hennuyère, Pierre Paulus a offert une célébration de l’homme et du travail. A sa famille, il a laissé en héritage son amour de l’art.

Son nom est indissociable de l’histoire de la Wallonie et de la région hennuyère. Né dans une famille d’ébénistes, Pierre Paulus aurait difficilement pu échapper au destin artistique qui fut le sien. Son grand-père, qui s’appelait également Pierre, était musicien à ses heures. Et son père Sylvain ne dédaignait pas la sculpture, loin s’en faut. Né le 16 mars 1881 à Châtelet, commune peuplée majoritairement d’ouvriers, Pierre Paulus a été élevé dans cette famille d’artistes où il a appris le respect du beau et des belles lettres.

La découverte de la lumière et de la couleur

Suivant les conseils de son père, il étudie l’architecture avant d’entrer à l’Académie des beaux-arts de Bruxelles. Durant ses études, il remporte de nombreux prix et reçoit une bourse grâce à laquelle il fait un premier voyage en Italie, avant de partir en Espagne. Au cours de ces voyages, il découvre la lumière – ses premiers tableaux sont une explosion de couleurs, comme en témoigne la toile La Cathédrale de Ségovie qui trône dans le bureau de sa petite-fille, Véronique, aujourd’hui gouverneur de la Région de Bruxelles-Capitale – et les grands peintres, comme Vélasquez et Goya, dont il exécutera une série de copies.  » C’est en copiant qu’on apprend, assure-t-elle. Etre capable de copier les plus grands permet de trouver ensuite son propre style. C’est comme ça que mon grand-père est devenu l’artiste qu’il était.  »

Véronique Paulus de Châtelet raconte avec beaucoup d’affection l’histoire de cet homme qui lui a transmis le goût du beau.  » A son retour d’Espagne, il tombe gravement malade. Il rentre alors chez ses parents, à Châtelet, où il redécouvre les paysages noirs bercés par la Sambre. Durant sa convalescence, il comprend qu’il va pouvoir exprimer des émotions à partir des paysages de sa région : les usines gigantesques, la grisaille, les trouées de fumée. « 

 » De plus en plus impressionné par l’atmosphère lourde de sa région et par ses sites presque tragiques, Pierre Paulus comprend que pour rendre à la fois la misère et la grandeur de ces décors rudes et parfois inhumains, il faut intégrer l’homme dans son milieu de vie et de travail  » (1). De là naissent toute une série de tableaux représentant les corons et ses ouvriers au travail, véritables témoins du Pays noir, et hommage à sa beauté intense.

Mobilisé en 1917, le peintre est affecté au service documentation de l’armée. La guerre terminée, il partage son temps entre Châtelet et son atelier bruxellois. Pierre Paulus se marie en 1919 avec Ninette Mathieu, qu’il a rencontrée lors d’un séjour chez des amis communs à Bormes-les-Mimosas, dans le sud de la France. Son fils Jean-Pierre naît l’année suivante. Cette naissance donnera au peintre un nouveau sujet de prédilection pour ses tableaux : les  » Maternités « , qu’il situera tout naturellement dans le Pays noir.

Outre ses représentations des Corons, qui vaudront à la région hennuyère d’être connue dans de nombreux pays, Pierre Paulus dessina le célèbre coq wallon, rouge sur fond jaune, en 1913. Ses enfants et petits-enfants, qui grandissent à Bruxelles, s’illustreront dans des carrières plus politiques : son fils unique, Jean-Pierre, sera notamment chef de cabinet adjoint du roi Baudouin et sa petite-fille, Véronique, occupe jusqu’à la fin de cette année le poste de gouverneur de Bruxelles-Capitale. Les tableaux qui couvrent les murs de son grand bureau, rue Ducale, témoignent de l’héritage laissé par son grand-père.

(1) Delahaut, J.-R., Pierre Paulus, Bruxelles, édition spéciale, 1981.

S.M.

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