Polyamour : Jules et Jim aujourd’hui

Aimer plusieurs hommes, plusieurs femmes simultanément, sans jalousie, c’est possible, selon les polyamoureux. Des  » cafés-poly  » les rassemblent tous les mois à Bruxelles.

L’amitié amoureuse, ce n’est pas nouveau. Avoir plusieurs ami(e)s amant(e)s à la fois non plus. Le film Jules et Jim, de François Truffaut, en fait une belle démonstration. Ce qui change avec les polyamoureux, c’est qu’ils en discutent. Et même beaucoup. C’est le cas de Philippe Hubot, dit Polyphil dans son émission Le Polyplaisir des utopies sur les ondes de Radio Campus (ULB) et qui a lancé le mouvement polyamour en Belgique. Depuis un an, des polyamoureux se réunissent le premier mercredi de chaque mois, au  » café-poly « , à la Maison Arc-en-Ciel, à Bruxelles.

Pour les polyamoureux, il ne s’agit pas d’avoir des liaisons et de tricher avec les personnes aimées. Ni secrets ni mensonges. Tout se déroule selon les accords conclus en toute réciprocité et ouvertement.  » Adultère, amant , sont des mots chargés, remarque Philippe Hubot. L’amour libre, c’est mieux, mais on n’est pas non plus dans l’échangisme. On peut être heureux avec quelqu’un pendant un an ou deux, avec ou sans sexe. Et puis, cette personne devient une amie. Des couples polyamoureux peuvent être installés dans une monogamie passagère, ou même vivre seuls.  »

Le polyamour, c’est aimer plusieurs personnes à la fois, de façon consensuelle. C’est la création entre plusieurs personnes, de liens et relations durables, amicales, affectives, amoureuses, sexuelles. Si tendresse et affection sont indissociables, le sexe n’en fait pas nécessairement partie.  » Je vis des relations polyamoureuses quasiment sans sexualité, reprend Polyphil. La pression sexuelle diminue d’année en année. Je suis davantage dans l’amitié amoureuse. Je suis étonné d’être aussi heureux avec moins de sexualité à 44 ans. « 

Pour les polyamoureux, la monogamie est un leurre.  » Dans un tel couple, quand le désir s’use, on va voir du côté des amants et des maîtresses. Nous voulons simplement proposer une troisième voie entre l’union et le divorce malheureux.  » Ici, c’est le règne des amours plurielles, selon l’expression de Françoise Simpère, auteur d’Il n’est jamais trop tard pour aimer plusieurs hommes (Editions La Martinière et Pocket), chantre du polyamour.

Jalousie et autres soucis

Philippe Hubot vit en couple depuis vingt-deux ans avec Sophie. Ils sont parents de deux enfants, 20 et 18 ans.  » Mon parcours m’a amené à oser faire des rencontres amoureuses en dehors de ma partenaire principale, détaille- t-il. C’est merveilleux de pouvoir passer quelques jours avec quelqu’un, puis de rentrer chez soi et de retrouver une compagne qui ne m’en veut pas. En revanche, le jour où je me suis retrouvé seul pendant une semaine parce que ma compagne était partie, je n’ai pas trouvé cela si bien… On vit des moments d’exaltation, de tolérance, et d’autres qui sont difficiles. « 

Ce type de relation, s’il demande pas mal d’ouverture, de dialogue, présente aussi quelques inconvénients. Gérer la jalousie en fait partie.  » J’ai l’impression d’avoir réglé une bonne partie de ma jalousie le jour où j’ai pu m’inclure dans un trio avec ma compagne, confie Philippe. Pouvoir toucher un homme sans sexualité m’a fait du bien.  » Gérer le calendrier et ses moments phares est un autre souci. Avec qui part-on en vacances cette année ? Avec qui passe-t-on Noël ?  » Beaucoup s’organisent en passant une année avec l’un, l’année suivante avec l’autre. Je l’ai vécu. Mais tout dépend du type de relations. J’ai des relations nuancées avec des personnes que je vois plus ou moins, où il n’y a pas forcément d’obligation à partager les moments symboliques. « 

Quant aux enfants, selon le polyamoureux, ils comprennent quand ils voient leurs parents en tirer bénéfice.  » C’était le cas il y a cinq ans quand ma compagne et moi étions chacun dans des relations extérieures assez prenantes avec sentiments. Cela dit, j’ai senti du tiraillement dans les deux relations et une concurrence s’installer. Notre couple a bien failli exploser à ce moment-là. « 

JACQUELINE REMITS

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