Adieu cultures au bord de l’eau, récoltes tardives et épandages massifs de lisier? © getty images

Patate et frite sur le gril

Le Vif

Il faut sauver les cours d’eau flamands. Condamné à s’entendre sur un nouveau «plan lisier», le gouvernement Jambon s’engage sur le sentier d’une nouvelle guerre des paysans.

Les campagnes flamandes sur pied de guerre. Une fois de plus. A l’origine de la nouvelle mobilisation, le futur «plan lisier», le septième depuis 1996, que le gouvernement Jambon (N-VA – Open VLD – CD&V) doit impérativement boucler. Il y va de la qualité des cours d’eau flamands qui laisse grandement à désirer et, pire encore, tend à se détériorer.

L’ ennemi numéro un à neutraliser est tout désigné: les nitrates qui prospèrent à la faveur de la fertilisation des terres. L’Europe commence à perdre patience à ce sujet et prie la Flandre de ramener son agriculture à la raison en la forçant à devenir plus durable et respectueuse des rivières par une sérieuse mise en sourdine de la fertilisation des sols.

Confrontée aux trop maigres résultats des plans antérieurs, Zuhal Demir (N-VA), ministre de l’Environnement, a l’intention de passer à la vitesse supérieure: interdiction d’encore cultiver à moins de six mètres d’un cours d’eau ou d’un fossé ; coup d’arrêt à la récolte tardive des patates et des légumes dans les zones particulièrement polluées, soit les deux tiers de la superficie agricole flamande ; à partir de 2024, réduction de l’épandage de lisier avec interdiction générale de la fertilisation des sols après le 1er août.

Tensions gouvernementales

Rien n’est encore arrêté mais la fuite savamment orchestrée de ce plan de bataille que Zuhal Demir a qualifié d’ «attaque organisée» qui n’avait d’autre but que de le «torpiller» avant même tout début de discussion, a pleinement atteint son objectif.

Mis au parfum, le secteur agricole, rejoint par la toute-puissante industrie agroalimentaire, hurle à la mise à mort de la patate flamande, synonyme d’enterrement de première classe de la sacro-sainte frite belge, et prédit un bain de sang social par la perte de milliers d’emplois. Le CD&V, porte-voix traditionnel du lobby agricole, rejoint pour la cause par l’Open VLD, monte également aux barricades pour rejeter les intentions du partenaire N-VA. Enième accès de crispation au sein d’un gouvernement flamand déjà bien servi en pommes de discorde.

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