PARC DES EXPOSITIONS

La fin de l’année signe traditionnellement le moment de quelques expositions phares. Londres, Paris, Amsterdam, Luxembourg… Sélection à portée de train.

Paris Frédéric Bazille. La jeunesse de l’impressionnisme

Il fut l’ami de Monet et de Renoir et participa avec eux à la naissance de l’impressionnisme, avant d’être fauché, à 28 ans, par les balles allemandes lors de la guerre de 1870. Quelle aurait été la carrière de Frédéric Bazille au regard des quelques somptueux tableaux qu’il nous a laissés ? Le voir confronté dans cette exposition à Courbet, Delacroix et Monet constitue une réponse éloquente.

Musée d’Orsay, jusqu’au 5 mars 2017. www.musee-orsay.fr

Cy Twombly

La plus importante rétrospective jamais consacrée au peintre américain (1928-2011) passionné par l’Italie et la culture européenne. Son oeuvre inclassable, entre écriture et peinture, revisite l’histoire et ses mythes tout en étant viscéralement abstraite. Du grand art et une vision exceptionnelle comme en témoignent les cycles réunis ici pour la première fois. Un ensemble éloquent de ses sculptures et des photographies complète cette mise en perspective de son travail. On y reviendra.

Centre Pompidou, jusqu’au 24 avril 2017. www.centrepompidou.fr

Picasso – Giacometti

Aussi étonnant que cela puisse paraître, cette exposition semble être la première consacrée aux rapports entre les deux artistes. A priori, dans leur travail, tout les sépare, si ce n’est qu’ils étaient amis dans la vie. Chacun d’entre eux aura marqué l’art du XXe siècle à sa façon, dans des styles ô combien différents. Certaines thématiques leur sont cependant communes et c’est sur cette base qu’est largement construite l’exposition : leur rapport à la sculpture, la notion de primitivisme, la thématique Eros et Thanatos, l’image de la femme. On s’en doute : ne nous sont donnés à voir que des chefs-d’oeuvres de l’un et l’autre.

Musée Picasso, jusqu’au 5 février 2017. www.museepicassoparis.fr

Metz Oskar Schlemmer

C’est sans doute l’une des figures les plus marquantes de l’aventure du Bauhaus. A la fois peintre et sculpteur, mais aussi danseur, chorégraphe et metteur en scène, Oskar Schlemmer incarne à lui seul la vocation pluridisciplinaire du mouvement allemand. Son influence sur la danse contemporaine et la performance est essentielle et fait de lui un des artistes majeurs du XXe siècle, bien que trop peu montré.

Au Centre Pompidou, jusqu’au 16 janvier 2017. www.centrepompidou-metz.fr

Amsterdam Jean Tinguely, machine spectacle

Pionnier et protagoniste majeur de l’art cinétique, jusqu’à s’en différencier par l’élaboration de machines ébouriffantes, l’artiste suisse revient dans ce musée qui l’avait déjà célébré dans quelques expositions marquantes. Cette rétrospective, forte d’une centaine d’oeuvres, recontextualise son travail à l’aune des mouvements d’avant-garde auxquels Tinguely fut associé, du groupe Zéro en Allemagne au Nouveau réalisme en France.

Stedelijk Museum, jusqu’au 5 mars 2017. www.stedelijk.nl

Amstelveen Pierre Alechinsky, post-Cobra

On ne reviendra pas sur l’importance du travail d’Alechinsky dans l’histoire de l’art du XXe siècle, mais ses rétrospectives sont rares, même si une autre est en cours au Japon. Dissous dès 1951, le groupe Cobra eut une influence considérable, et tous ses protagonistes poursuivirent des carrières de premier plan. L’exposition néerlandaise explore celle du Belge (né à Schaerbeek en 1927) en l’axant sur une sélection d’une centaine de peintures et d’oeuvres sur papier, dont les plus anciennes remontent à 1958.

Cobra Museum voor Moderne Kunst, jusqu’au 22 janvier 2017. www.cobra-museum.nl

Luxembourg Wim Delvoye

Sans s’afficher comme une rétrospective, cette exposition est la plus importante jamais consacrée au plasticien belge. Elle fait preuve de toute son inventivité, qui ne s’est jamais démentie après déjà trente ans d’activité. Tout est passé à la moulinette de son imagination, du plus banal au plus trivial, de l’industriel au sacré. Cette oeuvre foisonnante, parfois monumentale et baroque, bénéfice ici d’une mise en espace des plus dépouillées qui confère à son travail une force étonnante, loin de tout anecdotisme.

Au Mudam, jusqu’au 8 janvier 2017. www.mudam.lu

Londres The Radical Eye. La photographie moderniste de la collection d’Elton John

La surprise de l’année : si l’on s’en tient à sa musique et à ses costumes de scène, il est difficile d’imaginer qu’Elton John est un collectionneur passionné et aguerri de photographies classiques. Sa collection moderniste (les années 1920-1950) est tout à fait exceptionnelle et comprend les meilleures images de Brassaï, Man Ray, Walker Evans, Dorothea Lange, Dritkol, Kertesz, Strand, Sudek, Steichen, Weston et bien d’autres. Un régal en cinq sections remarquablement agencées.

Tate Modern, jusqu’au 7 mai 2017. www.tate.org.uk

Robert Rauschenberg

Cette première rétrospective après son décès en 2008 est la plus importante jamais consacrée au premier artiste américain à avoir remporté le Lion d’or à la Biennale de Venise (en 1963), prélude à la reconnaissance internationale du pop art et à l’influence grandissante de l’art américain en Europe. Ses célèbres Combine Paintings ont fini par occulter quelque peu la dimension expérimentale de ses débuts. Artiste réellement pluridisciplinaire, Robert Rauschenberg collabora régulièrement avec John Cage et Merce Cunningham, élargissant ainsi définitivement le champ des arts plastiques.

Tate Modern, jusqu’au 2 avril 2017. www.tate.org.uk

Beyond Caravaggio

La carrière du Caravage ne fut pas très longue (il meurt en 1610, à 39 ans) mais son influence sur ses contemporains et ses disciples fut conséquente. Outre quelques chefs-d’oeuvres du maître du clair-obscur, l’exposition examine ainsi l’attrait qu’il eut sur les autres peintres italiens de l’époque (Guido Reni ou Artemisia Gentileschi), mais aussi espagnols (de Ribera), hollandais (Matthias Stom) et français comme Georges de La Tour. Tous ont rivalisé dans le renouvellement de l’art du portrait par les subtilités de l’éclairage.

National Gallery, jusqu’au 15 janvier 2017. www.nationalgallery.co.uk

Abstract Expressionism

Sans doute l’exposition majeure de cet automne qui réévalue l’importance du mouvement de l’expressionnisme abstrait américain. La manifestation allie aux présentations monographiques de ses principaux protagonistes (Arshile Gorki, Pollock, Willem de Kooning, Barnett Newman et Ad Reinhardt, le fabuleux Mark Rothko, la redécouverte de Clyfford Still) des salles thématiques autour des notions de couleurs, de l’utilisation du noir et des rapports avec la photographie. Les sculptures de David Smith ponctuent l’ensemble.

Royal Academy of Arts, jusqu’au 2 janvier 2017. www.royalacademy.org.uk

PAR BERNARD MARCELIS

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