Trois communes scandinaves, en quête de main-d’ouvre, sont venues en Flandre prospecter le marché de l’emploi. Un comble, alors que le nord du pays manque déjà de bras.
Suédois cherchent, désespérément, Flamands entreprenants… L’annonce, discrète- ment relayée par l’organisme flamand de placement VDAB, n’est pas complètement passée inaperçue. Ce soir-là, dans une salle de séminaire d’un hôtel du centre de Gand, une petite trentaine d’hommes et de femmes viennent s’informer à propos de cet insolite appel du pied lancé par trois communes scandinaves en manque de main-d’£uvre. Des jeunes fraîchement diplômés et à peine lancés sur le marché de l’emploi côtoient des travailleurs d’un âge plus avancé. Tous écoutent attentivement le message que sont venus délivrer les représentants des localités côtières de Kalmar, Borgholm et Mörbylanga. » Comme le reste de l’Europe, la Suède connaît un énorme déficit de travailleurs « , résume Rob Floris, conseiller local pour Eures, le réseau européen de promotion de mobilité des travailleurs . Les blouses blanches (médecins, dentistes, infirmiers), les enseignants mais aussi des électriciens ou des employés du secteur du transport font cruellement défaut. Les émissaires suédois prennent donc leur bâton de pèlerin pour chercher dans les pays voisins quelques perles rares disposées à déménager. Cette fois, ils ont poussé leur mission de prospection jusqu’en terre flamande. Ils ont fait le déplacement pour deux soirées d’information, organisées à Louvain et à Gand. Le programme ne prévoit pas d’incursion en Wallonie. » Mais si une marque d’intérêt devait s’y manifester, nous serions prêts à répondre à l’invitation « , s’empresse d’ajouter Rob Floris.
Deux bonnes heures durant, les édiles venus de l’île d’Öland vont s’employer à vanter les charmes et la qualité de vie de ce petit coin très touristique du sud du pays. Il s’agit avant tout de convaincre l’assemblée des atouts d’un job en Suède. Nombre de jours de congés, salaire moyen, pression fiscale, prix de location ou d’achat d’une maison, performance du système d’accueil des enfants : tous les arguments sont bons pour tenter d’emporter l’adhésion des participants. » Et la Suède est bien meilleur marché que la Belgique… « , assurent les orateurs. Ce pays n’est pas une terre inconnue pour plusieurs Flamands présents à la réunion. » Ma copine habite Stockholm. Avec mon année d’expérience professionnelle, je me sens armé pour aller bosser en Suède « , glisse un jeune gaillard qui ne souhaite pas dévoiler son job, ni même… son prénom. » Vous comprenez, mon patron ne sait pas que je suis ici… » Même souci de discrétion chez ce couple de quadragénaires, déjà propriétaire d’une maison de vacances près de Kalmar. Lui, employé dans le transport de meubles, se verrait bien partager sa vie professionnelle entre Flandre et Suède, via des contrats de travail intérimaire. » On vit bien en Flandre, mais il manque une certaine qualité de vie. Ici, on vit pour travailler, en Suède, c’est l’inverse « . Les Suédois sont repartis sans engagement ferme à la clé. Mais avec quelques marques d’intérêt prononcées. A l’issue de la séance de Louvain, sur les vingt personnes présentes, sept ont conclu un accord pour un séjour exploratoire en Suède cet été.
Pierre Havaux