» On sera toujours en décalage « 

Guy Verstraeten Journaliste télé

L’intercommunale Igretec aimerait disposer de plus d’hectares pour caser les entreprises demandeuses. Mais les parcs à venir prochainement devraient calmer la demande. Pour un moment.

A travers les fenêtres du joli bâtiment d’Igretec, établi dans l’Aéropole de Gosselies, on aperçoit les avions en phase d’atterrissage. Normal, l’aéroport est de l’autre côté de la voirie. Pour l’intercommunale hennuyère (active grosso modo de Charleroi à la frontière française), cette localisation n’a rien d’innocent : l’Aéropole, parc scientifique et technologique, symbolise la volonté carolorégienne de sortir du carcan industriel. Une volonté marquée il y a près de vingt ans déjà. C’est le même type de philosophie qui préside au devenir de l’Ecopole amené, à moyen terme au mieux, à s’établir entre Farciennes, Aiseau-Presles et Sambreville. Un parc d’activité de 150 hectares dédié entièrement au développement durable… comme d’autres projets d’intercommunales wallonnes.  » Oui, mais nous étions les premiers sur la balle, fait remarquer Nathalie Czerniatynski, qui dirige le service Développement stratégique et territorial de l’Igretec. Le site est issu d’une réflexion stratégique menée en 2004, époque où l’on n’était pas encore dans le tout- à-l’écologie. « 

Mis en musique dès 2004, le projet pourrait aboutir en 2014, voire en 2015.  » Sept ans après la décision, nous sommes en phase d’acquisition des terrains. Pour 2012, on devrait commencer à travailler. Et il y a du boulot, notamment d’assainissement. On en a pour trois ans de chantier « , poursuit Nathalie Czerniatynski. Ce délai, une dizaine d’années, n’a rien d’exceptionnel dans ce genre de développement. Les procédures sont longues et lourdes, les possibilités de recours, multiples. Après onze années de tergiversations, le parc d’activité de Pont-à-Celles fut ainsi rangé aux oubliettes…

Deux parcs pour Charleroi

Dans le panier à projets d’Igretec, on trouve également l’extension du parc logistique de Courcelles (de 100 hectares, il passerait au double), qui pourrait être finalisée en… 2018. Le risque de décalage entre les besoins d’aujourd’hui et ceux de la fin de la décennie est bien réel.  » On sera toujours en décalage avec la situation du moment, pour des tas de raisons, notamment liées à la longueur des procédures. Cela fait dix ans que nous disons qu’il nous faut des hectares en plus. Nos 18 parcs d’activité (dont 11 dans les alentours de Charleroi) sont occupés à 99 %, ce qui était déjà vrai il y a cinq ans. Le précédent gouvernement wallon avait décidé que 500 hectares devaient être disponibles entre 2007 et 2017. Ce chiffre, le nouveau gouvernement l’a revu à la baisse. « 

Aux abords de Charleroi, deux nouveaux projets sont en chantier pour le moment. Le premier, Charleroi Serna, est une extension de site existant. En face de l’ancien aéroport de Jumet, 24 nouveaux hectares seront dégagés pour accueillir des entreprises généralistes. Lesquelles pourront entrer sur leurs terres pour le premier semestre 2012. L’autre parc d’activité, créé de toutes pièces quant à lui, s’appellera Charleroi Airport, et se situera également le long de l’autoroute A 54. Au programme : 30 hectares dont pourront disposer, d’ici au second semestre 2012, des entreprises diverses. A ces projets imminents, il faut ajouter deux micro-zones établies en tissu urbain, sur l’ancienne friche industrielle des fonderies Giot, et dans une zone de Jumet vidée à cause des nuisances sonores. Cinq hectares, à chaque fois.

Reste à savoir comment vont être financés tous ces projets. Et si la demande sera suffisamment forte pour être absorbée.  » Le financement des projets se répartit entre fonds européens, subsides régionaux et fonds propres, selon le cas. Quant à la demande, Charleroi est une zone attractive, notamment en termes d’accessibilité, de tissu et de mixité économique. Et nos parcs sont remplis : je ne me fais aucun souci « , affirme Nathalie Czerniatynski.

GUY VERSTRAETEN

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