« On aura besoin de tous les logements existants. »

Pour Olivier Hamal, président du Syndicat national des propriétaires et copropriétaires (SNPC), la Belgique ne peut se permettre d’interdire la location de certains logements, même de mauvaise qualité sur le plan énergétique.

Interdire la location des logements les plus énergivores, comme ceux affichant un certificat PEB de label « G », est-ce envisageable?

Il est important que l’ensemble des propriétaires, qu’ils soient bailleurs ou occupants, s’inscrivent dans une dynamique de réduction des frais énergétiques, en suivant un timing raisonnable. On se focalise beaucoup sur les biens en location. Certes, je pense que les bailleurs seront de plus en plus conscientisés à la performance énergétique de leur bien, puisque les locataires seront de plus en plus attentifs à ce critère. Le même problème se présentera pour les personnes souhaitant vendre un bien. Avec une mesure d’interdiction, on irait droit vers une pénurie. Quand on voit la problématique des inondations, de la guerre en Ukraine et de l’accroissement de la population, on sait que l’on aura besoin de tous les logements existants, que ceux-ci soient défaillants énergétiquement ou pas.

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En l’absence d’interdiction ou de normes plus strictes, cette pression sur l’accès au logement ne risque-t-elle pas de jouer en défaveur des locataires?

Dans ce cas, il faut plutôt inciter les locataires, dans les discussions qu’ils ont avec leur propriétaire, à demander un loyer inférieur si le PEB du bien concerné est médiocre. En parallèle, il faut continuer à inciter les propriétaires à mener des travaux en matière d’économie d’énergie.

Le cadre actuel semble insuffisant à cet égard…

Une série de propriétaires ne savent pas comment obtenir des aides, demander des devis ou choisir des professionnels de qualité. On pourrait prévoir un accompagnement plus assidu des propriétaires de la part des guichets énergie. Peut-être faut-il aller au-delà de ce que l’on fait aujourd’hui en la matière. Par ailleurs, on insiste beaucoup sur les biens mis en location. Mais je rappelle qu’en Wallonie, 70% des personnes sont des propriétaires occupants. Je ne comprendrais pas qu’ on interdise un locataire dans un logement de PEB « G », mais que l’on permette à un propriétaire occupant de continuer à occuper un bien de label identique.

A la différence que le locataire, lui, n’a aucune possibilité d’investir dans le logement concerné.

Il a quand même la possibilité, le cas échéant, de prendre un autre logement.

Les ménages aux revenus les plus faibles n’ont pas toujours cette possibilité…

Non, mais si le loyer est inférieur, cela peut parfois compenser le problème énergétique du bien. Là où il y a un problème, c’est précisément sur le plan des revenus d’un certain nombre de Belges. On considère généralement que les dépenses logement et charges ne peuvent excéder 30 à 35% des revenus d’un locataire. Quel que soit le montant du loyer pour une personne vivant du revenu d’intégration, il sera toujours trop cher.

Vu le déséquilibre entre l’offre et la demande, n’est-il pas problématique que même les logements de piètre qualité énergétique suscitent l’intérêt de nombreux candidats?

Vous n’ avez pas tort. Des échos que j’ai, c’est surtout le cas en Région bruxelloise. Que ce soit lors de la vente d’un bien ou même pour un loyer, la pratique consistant à faire offre à partir d’autant est plutôt particulière. C’est aussi, sans doute, une conséquence de la politique que les pouvoirs publics ont menée ces dernières années, en n’ encourageant pas assez l’investissement dans le secteur locatif. Ils ont, au contraire, eu tendance à adopter des législations restreignant toujours plus les droits des bailleurs. C’est ce que nous dénonçons depuis longtemps: « Encouragez les gens à investir dans le locatif. Ne voyez pas cela comme quelque chose de mal. » On devrait au contraire se satisfaire que des gens investissent dans l’immobilier car plus l’offre est importante, plus cela permettra de réguler le marché en termes de prix et de qualité.

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