Moins verte, la politique agricole commune ?

Ettore Rizza
Ettore Rizza Journaliste au Vif/L'Express

 » (Le verdissement de la politique agricole commune) devient facultatif, lui aussi. On se dirige donc

Au bout d’années de négociations, les institutions européennes sont parvenues à s’accorder, le 26 juin, sur la réforme de la politique agricole commune, principale dépense de l’Union. La Commission entrevoit dans ce compromis une PAC 2014-2020  » plus équitable « ,  » qui renforce la position des agriculteurs « ,  » plus verte « ,  » plus efficace  » et  » plus transparente « . Le groupe Ecologie-les Verts au Parlement européen, et même le commissaire européen à l’Environnement, dénoncent quant à eux les  » ambitions écologiques au rabais  » de cette réforme.  » Une catastrophe « , selon les termes d’Isabelle Durant dans une interview au journal L’Avenir. La députée européenne regrettait, entre autres, l’aspect facultatif du verdissement de la PAC. Traduction : les aides aux agriculteurs ne seraient pas conditionnées à la mise en place de pratiques agricoles favorables à l’environnement.

EN PARTIE FAUX

En séance plénière de la Chambre, la ministre fédérale de l’Agriculture, Sabine Laruelle (MR), a sèchement commenté l’interview d’Isabelle Durant :  » Je dirai à son propos que qui trop embrasse mal étreint. On ne peut être compétent dans tous les domaines. L’article paru aujourd’hui le prouve. Le verdissement sera bien une mesure obligatoire.  »

Des deux, Sabine Laruelle se rapproche le plus du vrai : le verdissement sera bien obligatoire. A partir de 2015, 30 % des aides directes aux agriculteurs (le premier pilier de la PAC) seront soumises à trois conditions : obligation de diversification d’une partie des cultures, maintien des prairies permanentes et préservation de 5 % des zones d’intérêt écologique, portées à 7 % après 2018.

Mais Isabelle Durant n’a pas tout à fait tort non plus. Les Etats membres auront la possibilité de remplacer ces trois conditions par des  » équivalences en verdissement « , un système de dérogations qui leur laisse une large autonomie. Ce que le commissaire européen à l’Environnement, le Slovène Janez Potoènik, a résumé par un tweet en anglais :  » Si l’on veut éviter l’écoblanchiment (greenwashing), la responsabilité revient aux Etats membres de faire ce qu’ils ont dit.  »

En revanche, la vice-présidente du Parlement européen s’égare lorsqu’elle prédit la disparition du 2e pilier de la PAC, à savoir les mesures agro-environnementales et celles en faveur du développement rural. Au contraire même : si de l’argent est dépensé pour l’environnement dans le premier pilier, le deuxième disposera d’autant plus de marge pour soutenir des mesures complémentaires.  » Le deuxième pilier est cofinancé par les Etats et les Régions, pas le premier. Vous aurez donc plus de garanties que l’on mettra en place les mesures du premier que du deuxième « , résume Tomas Garcia Azgarate, maître de conférences à l’Institut d’Etudes européennes (ULB) et conseiller en marchés agricoles auprès de la Commission.

Ettore Rizza

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