© graton editeur/jean graton

Michel Vaillant imprime sa marque

Michel Vaillant n’est pas qu’une série de bande dessinée qui a survécu à la retraite puis à la mort de son créateur. En passant du « comic strip » au « art strip », il est devenu une marque qui compte, autant sur les circuits que dans les paddocks de l’art contemporain.

Les fans de sport automobile et les amateurs de bande dessinée partagent depuis 1957 un et un seul point commun, qui n’a jamais été remplacé: Michel Vaillant. Pour les premiers, la série du même nom est la seule à immortaliser leurs stars et leur(s) sport(s) dans des planches de bande dessinée mêlant habilement réalité et fiction. Pour les seconds, Michel Vaillant est un classique de l’école franco-belge dont l’ auteur d’origine, Jean Graton, Français qui émigra dès 1947 à Bruxelles et décédé l’ an dernier, restera un des grands artisans et producteurs, avec… septante albums à son compteur. Restait à voir ce que les héritiers, ayants droit et éditeur des albums allaient pouvoir faire de cet énorme potentiel commercial additionnant deux « fan bases », dix ans après que son géniteur ait définitivement rangé la plume.

En 2023, la Fondation Jean Graton fêtera le centenaire du créateur de Michel Vaillant.
En 2023, la Fondation Jean Graton fêtera le centenaire du créateur de Michel Vaillant.© dr

On en a eu un joli aperçu et des éléments de réponse dans une exposition événement qui vient de s’achever à la galerie Huberty & Breyne, à Bruxelles: Michel Vaillant est devenu une marque qui se décline et s’arrache, notamment chez les amateurs de pop art et d’art contemporain. Le tout sans avoir mis sur le marché la moindre planche originale – lesquelles, se comptant en milliers, pourraient pourtant se vendre aux alentours des 50 000 euros l’unité! Un tour de force que nous a expliqué Jean-Louis Dauger, directeur marque et développement Michel Vaillant chez Graton éditeur (racheté il y a huit ans par Dupuis et Media Participations), mais aussi membre de la Fondation Jean Graton qui gère son patrimoine, et responsable des « Michel Vaillant art strips », « des impressions en tirages limités et en grand format de certaines cases des planches originales, qui ont fait basculer Michel Vaillant du monde du comic strip à celui de l’art strip ». Le tout inscrit dans un vaste plan stratégique de développement comme on en voit peu dans le monde de la BD, avec des budgets qui ne font pas peur au monde de l’automobile.

Classique de la bande dessinée européenne, Michel Vaillant compte plus de septante albums, sans compter ceux de la
Classique de la bande dessinée européenne, Michel Vaillant compte plus de septante albums, sans compter ceux de la « Saison 2 ».

Sur les murs, sur les routes, à la télé…

Les premières pierres de ce déploiement de marque ont été posées par Philippe Graton, fils de Jean, dès 2012, bénéficiant elles-mêmes d’un terrain bien préparé par le paternel himself. Celui-ci avait créé sa propre structure éditoriale dès 1982, fondé son propre studio qui a vu passer nombre de collaborateurs et, enfin, organisé sa succession, ouvrant la porte d’une reprise, mais fermant celle de la vente de ses originaux, tous conservés au sein d’une fondation.

En 2012 démarrait donc la « Saison 2 » de Michel Vaillant, avec de nouveaux dessinateurs, de nouveaux scénaristes et une graphie qui a intelligemment joué la carte de la régularité et de la modernisation plutôt que celle de la copie: dix albums ont déjà été édités, en parallèle à de nouvelles intégrales, compilations ou « dossiers », dont la plupart font l’objet de partenariats avec le monde de l’automobile, tels le circuit Paul Ricard, Dunlop, Nissan ou le WTCC (championnat du monde des voitures de tourisme), soit en leur fournissant des visuels du studio Graton, soit en les intégrant directement aux scénarios de la (nouvelle) série, laquelle en profite, elle aussi, pour déborder de ses planches: de « vraies » Vaillante, dans des écuries privées qui s’habillent aux couleurs de la marque, ont ainsi déjà participé ces dernières années aux 24 Heures du Mans, aux courses de WTCC et au championnat du monde de Formule 3. « Des opérations que nous comptons bien réitérer cette année aux 24 Heures du Mans, mais surtout en 2023: ce sera alors le centenaire des 24 Heures, mais aussi de Jean Graton, précise Jean-Louis Danger. En outre, il existe depuis deux ans une Vaillante Académie qui se déplace sur les circuits de France et qui propose des stages de pilotage avec des monoplaces tout droit sortis des albums. »

Classique de la bande dessinée européenne, Michel Vaillant compte plus de septante albums, sans compter ceux de la
Classique de la bande dessinée européenne, Michel Vaillant compte plus de septante albums, sans compter ceux de la « Saison 2 ».

Mais la réussite marketing dont se félicite le plus celui qui s’habille littéralement de la tête au pied aux couleurs et licences de Michel Vaillant, et qui rapporte le plus à la Fondation, ce sont les « art strips » qui, sur un mur, font effectivement leur effet. Disponibles en finition plexiglas ou papier Fine Art, en trois tailles mais seulement trente exemplaires, ces agrandissements de cases qui font autant penser à Roy Lichtenstein qu’à Graton s’arrachent visiblement comme des petits pains malgré leur prix à quatre chiffres – et donnent des idées à d’autres, dont le dessinateur Philippe Francq, qui a commandé dix art strips de son Largo Winch.

Classique de la bande dessinée européenne, Michel Vaillant compte plus de septante albums, sans compter ceux de la
Classique de la bande dessinée européenne, Michel Vaillant compte plus de septante albums, sans compter ceux de la « Saison 2 ».

Prochaines étapes de la marque Vaillant: « Un développement à l’international, grâce à la production d’un dessin animé, d’une série en live et, qui sait, peut-être un jour, un véritable musée Vaillant. »

Les art strips sont à découvrir sur michelvaillant.com ou hubertybreyne.com

Les art strips du plus célèbre pilote de la BD affichent un prix à quatre chiffres et sont l'une de plus belles réussites marketing de la Fondation Graton.
Les art strips du plus célèbre pilote de la BD affichent un prix à quatre chiffres et sont l’une de plus belles réussites marketing de la Fondation Graton.© germain hazard

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