Mentir avec les loups

Misha Defonseca, de son vrai nom Monique Dewael, a avoué que sa prétendue histoire narrée dans Survivre avec les loups est une pure invention.

Les soupçons s’accumulaient depuis peu. Serge Aroles, spécialiste des enfants-loups, et Maxime Steinberg, historien et éminent spécialiste de la déportation des juifs de Belgique, avaient été les premiers à dénoncer l’imposture de Misha Defonseca, auteur du best-seller  » autobiographique  » Survivre avec les loups, dont l’adaptation au grand écran par Véra Belmont a ému 6 millions de spectateurs ( lire Le Vif/L’Express du 29 février). Le certificat de baptême ainsi qu’un registre scolaire, diffusés sur Internet, ont ensuite révélé que la petite fille  » juive  » était catholique, et que  » Misha « , de son vrai nom Monique Dewael, était très normalement scolarisée à Schaerbeek durant la guerre. Au journal Le Soir, qui enquêtait sur la véracité des faits, Misha Defonseca a d’abord déclaré qu’elle n’avait pas menti, tout en consultant un avocat, Me Marc Uyttendaele. Le 28 février, coup de théâtre : par la voix de son conseil,  » Misha  » avouait qu’elle avait tout inventé.  » Oui, je m’appelle Monique Dewael, confessait-elle, mais, depuis que j’ai 4 ans, je veux l’oublier. Je me sentais autre. Je me suis raconté une autre vie, loin des hommes que je détestais. Et j’ai tout mélangé. Cette histoire, c’est la mienne. Elle n’est pas la réalité réelle, mais elle a été ma réalité, ma manière de survivre. Je demande pardon à tous ceux qui se sentent trahis, mais je les supplie de se mettre à la place d’une petite fille de 4 ans qui a tout perdu, qui doit survivre, qui plonge dans un abîme de solitude, et de comprendre que je n’ai jamais rien voulu d’autre que de conjurer ma souffrance.  »

Certes, le père de Monique, Robert Dewael, fonctionnaire communal, est bien mort dans une prison allemande. Pour actes de résistance ? Maxime Steinberg réfutait déjà cette hypothèse dans nos colonnes. L’enquête du Soir révèle qu’en réalité Dewael avait dénoncé à la Gestapo ses compagnons d’une organisation patriotique. Et, dans sa confession, Monique Dewael dit n’avoir jamais supporté d’être appelée  » la fille du traître « , et  » avoir détesté les gens qui l’ont recueillie, qui la traitaient mal « . Ce qui n’est pas l’avis de Mme Massart, une de ses anciennes compagnes de classe :  » Comme elle était orpheline, elle était extrêmement choyée par ses grands-parents, et surprotégée par les professeurs « , nous déclare-t-elle.

Quant à Véra Belmont, elle a déclaré  » en vouloir un tout petit peu  » à Monique Dewael, tout en ajoutant  » avoir mal au c£ur pour elle « . La mention  » D’après l’histoire vraie de Misha Defonseca  » sera juste retirée du générique. Et Bernard Fixot, éditeur du livre, a présenté ses excuses et va faire insérer un rectificatif dans l’ouvrage.

Elisabeth Mertens

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