Mais pourquoi écrivent-ils tant ?

Ils sont en permanence dans l’actualité, et pour cause… Ces forçats de la plume publient à tour de bras. Brève présentation de quelques-uns de ces auteurs prolifiques, pas toujours faciles à suivre.

Comment les appeler ? Graphomanes, stakhanovistes, forçats de la plume ? Toujours est-il qu’ils ne connaissent apparemment ni l’angoisse de la page blanche ni la panne d’inspiration. Aucune respiration chez ces workaholics, qui ne s’accordent aucun temps mort, aucun repos entre deux ouvrages.

 » La crise ? Quelle crise ?  » s’écrient-ils en ch£ur, provoquant l’embarras des libraires (qui doivent aussi caser les éditions de poche de ces megawriters), l’agacement ou la lassitude des journalistes –  » Encore un Minc  » ! – qui se plaisent à rêver d’une planète peuplée des parcimonieux Baudelaire, Michon, Holder, Schuhl et autres Pynchon. Les éditeurs, eux, sont partagés, selon qu’ils ont affaire, ou non, à une vache à lait. Dans le premier cas, ils pousseront volontiers l’auteur à produire davantage, dans le second, ils tenteront de modérer sa productivité. Car les écrivains à plein temps, la plume greffée au bout des doigts, entendent publier au minimum trois livres par an (au risque de l’imperfection), quand le rythme moyen des parutions est d’un titre tous les deux ans,  » au pire  » d’un tous les ans – à l’instar d’une Amélie Nothomb, qui détient dans ses tiroirs assez de manuscrits pour remplir une bonne bibliothèque, ou d’un Henri Troyat, dont on continue de publier, deux ans après sa mort, les ouvrages inédits.

Qu’est-ce qui pousse des êtres normalement constitués à taper vaille que vaille leurs milliers de signes quotidiens ? La peur de la mort – ou de la vie – l’argent, le pouvoir, l’insomnie, l’ennui, le narcissisme, l’amour des mots, le rêve de perfection ou encore une pathologie professionnelle du type Troc (pour  » trouble rédactionnel obsessionnel compulsif « ) ? Tous les cas existent, ici comme ailleurs. Car si la graphomanie ne date pas d’aujourd’hui (voir l’encadré), elle n’a rien, non plus, d’une  » exception française « . Les Anglo-Saxons comme Joyce Carol Oates, John Updike, P. G. Wodehouse, Dean Koontz, Danielle Steel, Donald Westlake (l’un de ces serial writers obligés de prendre des pseudos pour assouvir leur  » vice « ) affolent aussi les compteurs. Pour notre part, nous en avons sélectionné huit, particulièrement actifs ces toutes dernières années, dont nous vous présentons brièvement (belle gageure !) le parcours. Un choix cornélien. Car nous aurions pu aussi bien  » traiter  » les dossiers de Jacques Attali, chroniqueur maison et agitateur éditorial, d’Alain Minc, de Jean Vautrin, de Patrick Cauvin-Claude Klotz, d’Henri Vernes, d’Alain Fleischer (six ouvrages en douze mois !), de Patrick Besson, d’Andrea Japp, de Juliette Benzoni, de Madeleine Chapsal… La liste est sans fin, bien sûr !

Jérôme Dupuis, Marianne Payot et Delphine Peras

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