L’union fait le rock

Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

En sortant Leve België, déclaration d’amour à la Belgique, les Flamands de Clouseau ont fait plus fort que leurs camarades rock nordistes, même si l’intention  » n’était pas politique… « .

On est tous les mêmes want we zijn allemaal Belgen/Oui, je vous aime, ons geheim zijn Vlamingen en Walen in hetzelfde land (…) Leve België !/ Oh, vive la Belgique « , chante Clouseau. Bart De Wever n’aime pas leur Leve België bilingue et unitariste, sorti à la fin août et maintenant dans l’ultra-top de Wallonie. Pourtant, le politicien de la N-VA est bien un fan de ce groupe qui a produit un inépuisable stock de chansons câlines depuis une apparition réussie à l’Eurovision avec Anne en 1989 : deuxième place au concours et gros tube en Flandre.  » Avec Leve België, on a simplement voulu dire qu’on aimait la Belgique, qu’on y était heureux, ce n’est pas une déclaration politique « , explique le chanteur Koen Wauters, à la mi-septembre, après un tsunami de réactions, le plus souvent flamandes et outrées, sur cette bleuette pop aux paroles gentiment patriotes. Koen temporise :  » On n’y parle pourtant pas des problèmes linguistiques dans la Région bruxelloise… Pendant les deux premières semaines, c’est comme si personne n’avait écouté Leve België, tout le monde se focalisant sur le texte. Là, on l’a jouée quatre ou cinq fois en concert, comme à Sint-Niklaas devant 30 000 personnes, et l’accueil a été superbe, sans la moindre huée. C’est une façon de montrer à la Wallonie que les Flamands qui veulent la fin de la Belgique ne sont qu’une minorité.  »

C’est dans la pop conciliante que cette formation de Rhode-Saint-Genèse a d’ailleurs taillé sa fortune. Multipliant les nos 1 ( Daar gaat ze, En dans), Clouseau est devenu le recordman absolu des concerts au Sportpaleis d’Anvers : 94 représentations complètes depuis 2000, nonante-quatre fois 14 000 spectateurs…

Koen Wauters, 42 ans, est la figure de proue du groupe dont il partage le destin doré avec son frère aîné, Kris. Les deux sont des BV, bekende Vlamingen. Même la double paternité de Koen ne semble pas avoir tempéré l’intensité du plébiscite féminin : son vedettariat continu sur VTM et le triomphe commercial de Clouseau en font un chéri absolu des foyers flamands. Désormais résident de Malines, il a grandi dans une maison de Rhode-Saint-Genèse sous la tutelle d’un père échevin libéral. Lui ne sera jamais politicien et encore moins Premier ministre, même  » si j’en avais les capacités  »

Les Néerlandais, patriotes belges

Pas rancuniers qu’on leur ait demandé, il y a un peu moins de deux siècles, de s’en aller, ce sont des Hollandais qui, les premiers, ont célébré la Belgique façon pop : en 1982, Het Goede Doel décroche un hit remarqué avec België, batave déclaration d’amour à notre beau territoire… Plus récemment, en mai 2009, c’est un aréopage de groupes flamands et francophones qui se rassemblaient autour de l’Atomium pour une profession de foi patriote. On y remarque l’absence des Anversois de dEUS, mais Arno ou Daan sont bel et bien là. C’est d’ailleurs le même Daan qui, dès 1999, sort un single De koning van Vlaanderen, résolument antinationaliste. Le ministre-président flamand de l’époque, Luc Van den Brande, en prend pour son grade :  » Je me moquais du régionalisme flamand et on peut dire qu’aujourd’hui 90 % des musiciens flamands ne jouent pas le jeu des régionalistes.  »

Philippe Cornet

clouseau est le recordman des concerts au sportpaleis d’anvers

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