Los Conductos

Le Vif

Primé à Berlin en 2021, Los Conductos, le premier long métrage de Camilo Restrepo, cinéaste colombien auteur d’une poignée de courts remarqués à Locarno et Cannes, mêle voyage mental et expérience plastique. L’auteur s’y inspire librement d’une histoire réelle, celle de Pinky (Luis Lozano, dans son propre rôle), jeune homme ayant réussi à se libérer de l’emprise d’une secte religieuse et de son père omnipotent, et tiraillé entre son passé et le désir de vengeance, alors qu’il tente de reprendre pied dans l’existence. Un destin chahuté que le cinéaste filme en 16 mm et envisage à rebours du réalisme comme d’une narration linéaire. A quoi il préfère les sensations esthétiques en clair-obscur et la forme éclatée d’un collage, brouillant un récit à teneur fantastique où il convoque encore le bandit Desquite, qui défendit les paysans opprimés face aux grands propriétaires terriens, ou Le Diable boîteux, de Luis Vélez de Guevara. Déroutant et crypté par endroits, le résultat est plus encore fascinant. Et trace en creux, par-delà le portrait de son protagoniste central et de son questionnement moral et spirituel, celui d’une société colombienne contemporaine où l’instrumentalisation de la religion va de pair avec une violence endémique et ses manifestations cycliques. En marge de cette expérience de cinéma éminemment singulière, le cinéma Galeries, à Bruxelles, propose jusqu’au 28 août l’exposition La Fabrique de l’enfer. L’ occasion de découvrir plus avant le travail de Camilo Restrepo, un cinéaste venu des arts plastiques et dont la démarche s’inscrit au carrefour de différentes disciplines artistiques.

De Camilo Restrepo. Avec Luis Lozano, Fernando Úsaga Higuita. 1 h 10. Sortie: 06/07.

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