Livres de recettes

Marie NDiaye n’est pas la première à emmener la littérature en cuisine. Certains grands écrivains ont donné dans le livre de recettes plus ou moins littéral…

La cuisine de Marguerite

 » La nourriture est faite vraiment pour tout le monde. Comme la vie, elle est faite vraiment pour tous. Pas la littérature…  » Marguerite Duras aimait faire à manger pour les autres. Elle aimait aussi rédiger des recettes très personnelles, peu raffinées de son propre aveu mais conviviales. Publié après sa mort, La Cuisine de Marguerite en rassemble quelques-unes, certaines réalisables, d’autres laissées dans leur imprécision comique. Entre listes de courses et angoisses du vide ( » c’est une des choses les plus terribles de la vie que de se lever sans café aucun, dans une maison vidée du café « ), considérations sur le steak ( » ça se rate toujours, comme la tragédie « ) ou sur la cuisson ( » toutes les femmes françaises font trop cuire les légumes et les soupes « ) et photos de sa maison adorée de Neauphle-le-Château, une Duras au plus intime.

Par Marguerite Duras, éd. Benoît Jacob.

Chaque jour est un festin

Dans la préface de Chaque jour est un festin, coécrit avec sa femme Kay, le magnifique écrivain James Salter raconte comment ils se sont installés à Aspen, dans le Colorado, et la manière dont ils ont commencé à cuisiner côte à côte. Emouvant journal des dîners donnés, des recettes ratées et des anecdotes d’une vie commune longue de quarante ans, Chaque jour est un festin est un livre à 365 entrées : une par jour, selon le principe d’un almanach. On y trouve, pêle-mêle, la recette vinaigrette favorite d’Alexandre Dumas, le dernier menu des passagers du Titanic, une notice qui explique comment devenir un habitué dans un restaurant, ou un vibrant plaidoyer pour les tables de 80 centimètres de largeur. Une ode à l’amour, au vin, à l’art.

Par James et Kay Salter, éd. de la Martinière.

Aventures d’un gourmand vagabond

 » Sorcier ne perdit pas de temps à hésiter entre les trois entrées qui lui étaient proposées : canard bigarade, canard Montmorency ou beignets de langouste. Il prit les trois et commanda un montrachet et un chambertin pour accompagner ce festin.  » Il n’est pas rare de voir les héros des romans de Jim Harrison se vautrer dans l’excès et la ripaille. On le sait peu mais pendant des années, Big Jim a aussi tenu une rubrique philosophico-gastronomique dans la revue américaine Esquire. Son titre ? Le cru et le cuit. Inénarrable gourmand et gourmet, ennemi féroce du club sandwich autant que de la diététique, obsédé par la chère pantagruélique et le vin, l’auteur de Dalva s’y adonnait à travers ses billets, dont les meilleurs sont rassemblés ici, à ce qu’il considérait comme rien moins qu’une quête d’authenticité.

Par Jim Harrison, éd. 10/18.

Houellebecq aux fourneaux

Certes, ses romans sont plus réputés pour parler de cynisme, de violence, de sexualité, de solitude et de libéralisme. Et pourtant. Remontant le fil culinaire des romans de Houellebecq, des plats préparés avec amour par la grand-mère de Bruno (Les Particules élémentaires) aux agapes en Dordogne (Soumission), l’essayiste et restaurateur Jean-Marc Quaranta attrape l’oeuvre comme on ne l’avait jamais fait avant lui. Surprenant, pas aberrant : sur ses six derniers romans, l’auteur de Plateforme convoque pas moins de 200 plats, soit un peu plus d’une allusion à la nourriture toutes les 10 pages… Le livre propose aussi 76 recettes dictées par la littérature du poète dépressif, du thon à la catalane à la tartelette au cou de canard en passant par les poivrons à l’huile. Un véritable banquet à la sauce Houellebecq.

Par Jean-Marc Quaranta, éd. Plein Jour.

PAR YSALINE PARISIS

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