L’interminable mue de Saint-Léonard
Souvent cité en exemple pour sa rénovation urbaine, le quartier Saint-Léonard s’attelle à redorer son image depuis plusieurs années. Mais il reste encore du chemin à parcourir. Notamment au niveau du logement et du social, où de nouveaux projets voient le jour.
Coincé entre la Meuse et les coteaux, le quartier Saint-Léonard a connu un riche passé industriel et le déclin qui l’accompagne : bâtiments désaffectés, problèmes sociaux… C’est l’une des raisons pour lesquelles, au milieu des années 1990, la zone a été jugée parmi les plus prioritaires en termes de rénovation urbaine. Durant la décennie qui a suivi, le quartier a reçu de nombreux subsides et subi de multiples assainissements, rénovations, reconstructions… Et ce n’est pas fini !
Il faut dire que le schéma directeur établi et approuvé avec la population au début des années 2000 se veut large et ambitieux. Ses objectifs ? Désenclaver le quartier, revaloriser son image, améliorer le cadre de vie et les équipements, et enfin créer des conditions d’accueil d’activités économiques. » La stratégie de la Ville de Liège est de cibler des lieux-clés à rénover afin de donner une meilleure image au quartier et d’amener des investisseurs privés, explique Jean-Baptiste Jehin, du service logement et régie foncière de Liège. Vu l’ampleur du quartier, la Ville ne peut évidemment pas tout assumer, même avec les différents subsides qu’elle reçoit. Elle procède donc par petites touches et se concentre sur les bâtiments et les zones les plus désaffectées, là où le privé n’irait pas. »
Reconnu comme Zone d’initiatives privilégiées par la Région wallonne, puis quartier prioritaire par l’Etat fédéral, Saint-Léonard a vu plusieurs de ses sites réaffectés au fil des ans. Le premier projet majeur fut l’Esplanade, qui incarne parfaitement la volonté de créer des lieux de convivialité dans le quartier. Ont suivi la rénovation de la Maison de quartier – désormais très active -, la réhabilitation des coteaux de Vivegnis, les logements du site des Forges, etc. Les aspects culturels et économiques n’ont pas été oubliés : la Brasserie Haecht accueille désormais des activités associatives, artistiques ou sociales, tandis que la SPI a transformé les terrains Swennen et CE+ en véritable rue d’entreprises.
Un quartier de transit
Toutes ces réalisations – dont plusieurs ont été primées – pourraient laisser croire que Saint-Léonard a terminé sa transformation, mais c’est loin d’être le cas. » Du chemin a été parcouru mais il reste encore beaucoup de travail, reconnaît Jean-Baptiste Jehin. La Ville va continuer sur sa lancée mais elle compte aussi sur les investisseurs privés, les habitants, l’associatif. » Si l’on s’en réfère au bilan de la rénovation urbaine, la priorité actuelle concerne surtout l’aspect social. Le projet pour Saint-Léonard énonce clairement dans ses objectifs que le quartier doit » (re)devenir un lieu que l’on habite par choix et non par dépit « .
Or, selon une étude réalisée en 2012 dans le cadre du projet européen SUN (Sustainable urbain neighbourhoods), le quartier Saint-Léonard reste avant tout une zone de transit, où 43 % des habitants vivent depuis moins de cinq ans et où 17,5 % envisagent de déménager dans le courant de l’année. La population, très fragile, est essentiellement composée de demandeurs d’emplois, de personnes isolées ou encore de primo-arrivants qui choisissent Saint-Léonard pour ses multiples petits logements bon marché et souvent de mauvaise qualité.
Des projets de rénovation ont été lancés par les pouvoirs publics dans les rues Saint-Léonard et Pied-du-Thier-à-Liège, mais le plus grand défi reste de mettre aux normes les biens locatifs appartenant à des propriétaires privés. La réalisation de cet objectif passera bientôt par des contrôles renforcés ainsi qu’une concertation avec les propriétaires. Avant de serrer la vis ?
Par Marie-Eve Rebts
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