L’impact du big bang
Fonctionnaires, lobbyistes ou journalistes issus des dix pays adhérents ont déjà commencé à grossir les rangs des Européens installés à Bruxelles. Une chance pour la ville ?
La rumeur a déjà touché plusieurs communes bruxelloises : des hordes d’eurocrates et autres ressortissants des nouveaux Etats membres de l’Union seraient occupés à assécher le marché du logement dans certains quartiers de la capitale. » Il s’agit plutôt de spéculation, estime Carlo Luyckx, directeur du Bureau de liaison Bruxelles-Europe. Des agences immobilières misent sur l’élargissement pour faire de bonnes affaires. Un tel phénomène a déjà été observé dans les années 1989-1990, quand on a parlé d’un prétendu envahissement de la ville par 200 000 expatriés européens. Mais les prix des maisons et appartements sont retombés deux ans plus tard. »
Pour Jacques Simonet, le ministre-président bruxellois, l’arrivée prévisible de près de 4 000 fonctionnaires européens et de 600 diplomates et journalistes supplémentaires » ne devrait pas provoquer de tensions majeures sur le marché du logement à Bruxelles et en périphérie « . Moins de 400 postes par nouvel Etat membre sont prévus au sein des institutions européennes, soit, au total, 3 800 fonctionnaires, qui s’ajoutent aux quelque 21 000 existants. Mais les engagements sont étalés sur cinq ans. En outre, un millier de fonctionnaires seraient admis à la prépension d’ici à 2006, tandis que d’autres, arrivés à l’âge de la retraite, ne seront pas remplacés.
Missions diplomatiques, correspondants de presse, groupes de pression, entreprises, associations et bureaux d’avocats des pays adhérents n’ont, eux, pas attendu le big bang du 1er mai pour prendre leurs quartiers à Bruxelles. » Mais il ne faut pas surestimer le nombre de ces nouveaux expatriés, note Carlo Luyckx. Chaque représentation régionale des pays de l’Est et du Sud ne compte ainsi qu’un ou deux représentants, pour plus de 25 personnes employées au sein de l’antenne d’un Land comme la Bavière. » La Région bruxelloise envisage toutefois de réaliser un inventaire des organisations attirées à Bruxelles » afin d’éviter que leur installation ne provoque des problèmes inattendus sur le plan des espaces de bureaux, de logements, de la mobilité et de l’accueil « .
Au total, on estime entre 15 000 et 20 000 le nombre de nouveaux arrivants, familles comprises. Une certitude : l’élargissement renforcera encore l’impact socio-économique des institutions européennes. Les flux financiers générés par celles-ci et les entreprises qui gravitent dans leur orbite sont évalués à plus de 7,5 milliards d’euros. L’Europe représente plus de 10 % de l’emploi à Bruxelles et quelque 13 % du produit régional brut, alors que les eurocrates dépensent 85 % de leurs revenus dans la capitale. Revers de la médaille : plus de manifestations et d’embouteillages, une ville souvent en état de siège – elle accueille désormais tous les sommets de l’Union -, une dualisation sociale aggravée et une hausse des prix des bureaux et des logements.
Olivier Rogeau
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