Les ratés du bronzage

Karin Rondia Journaliste free-lance

Bronzage ou… taches brunes ? Le soleil réserve parfois des surprises à ceux qui s’offrent un peu trop souvent à ses caresses !

Est-il encore besoin de le dire ? Le rayonnement solaire est une agression pour notre peau. Qui réagit en produisant un pigment sombre destiné à servir d’écran, la mélanine. On appelle ce phénomène le bronzage. Mais cette mélanine se dispose parfois de façon moins harmonieuse que le hâle doré espéré. Apparaissent alors les fameuses  » taches brunes  » que l’on associe souvent au vieillissement, ce qui n’est pas tout à fait correct. En effet, si elles sont plus fréquentes quand on avance en âge, c’est tout simplement parce qu’on cumule alors davantage d’heures d’exposition au soleil. Mais on peut très bien vieillir sans une seule tache brune… pour autant que l’on se soit protégé des UV toute la vie.

Lentigos et éphélides

Les taches brunes les plus banales sont les lentigos actiniques. Ce sont des taches sans relief, qui se développent sur les zones les plus exposées au soleil, comme le visage, les bras, le décolleté. Elles résultent d’une accumulation irrégulière de mélanine dans les cellules de la couche basale de l’épiderme, qui reste par ailleurs tout à fait normal.

Il existe des lentigos de toutes tailles et de toutes formes : de la grande tache isolée au semis de petits points. Les taches de rousseur (éphélides) en sont d’ailleurs la forme la plus précoce : elles apparaissent déjà dans l’enfance chez les personnes à peau très claire, ressortent plus fort pendant les mois d’été et s’atténuent en hiver.

Mais de façon générale, les lentigos apparaissent à partir de la quarantaine. Leur danger de cancérisation est très faible et il n’est pas nécessaire de les ôter. Mais quand ils se font disgracieux, il est tout à fait possible de les faire disparaître. Traditionnellement, à l’azote liquide. La brûlure provoque un décollement de l’épiderme, sous forme d’une petite cloche, puis d’une croûte, qui tombe en quinze jours. Il peut cependant laisser une cicatrice hyper-pigmentée… ou une tache blanche, ce qui ne vaut guère mieux. Plus branché : le laser. Cette technique nécessite souvent 2 ou 3 séances, son action est plus progressive mais le risque de cicatrice (dé)pigmentée est moindre qu’avec l’azote. Différentes sortes de peelings sont également envisageables pour éliminer les lentigos, mais leur action est très lente. Quant aux crèmes dépigmentantes, elles contiennent des substances censées freiner la synthèse de mélanine, mais, en pratique, leurs résultats sont fort médiocres. Quoi qu’il en soit, sur une peau dont on a éliminé un lentigo, il est fortement conseillé d’appliquer une protection solaire, sinon il risque bien de revenir.

Nævus

Les grains de beauté correspondent à des amas de mélanocytes (les cellules qui produisent et contiennent de la mélanine). Leur origine est probablement embryonnaire, même s’ils ne sont pas toujours présents à la naissance et qu’ils apparaissent plus tard. Leur relation avec le soleil est moins nette. On les garde généralement toute la vie, sans aucun problème, mais comme ce sont eux qui peuvent donner naissance aux mélanomes, il est tout de même conseillé de les garder à l’£il (voir encadré). Il arrive aussi qu’ils disparaissent tout seuls, suite à un phénomène de digestion auto-immune localisé. Il persiste alors souvent un halo blanc sur la peau.

Faut-il retirer un point de beauté ? En principe, non. Mais s’il est gênant parce que mal placé, à un endroit soumis à irritation (bretelle de soutien-gorge, par exemple), ou pour des raisons d’esthétique, rien ne s’oppose à ce qu’on l’enlève. Cependant, contrairement au lentigo, le nævus ne peut pas être  » volatilisé  » à l’azote ou au laser, car c’est une structure plus profondément ancrée dans le derme. Il faut donc l’exciser avec un scalpel. Et au moindre doute sur sa nature, le médecin l’enverra par prudence au laboratoire pour analyse.

A noter que les mélanomes qui débutent sur un nævus sont souvent moins agressifs que ceux qui démarrent de novo. Il n’empêche : on ne badine pas avec ces petites taches-là. Certaines personnes ont de très nombreux nævus. Leur risque de transformation en mélanome est alors un peu plus élevé que la moyenne, surtout s’il y a des antécédents de mélanome dans la famille. Il convient alors d’être particulièrement prudent avec l’exposition au soleil.

Masque de grossesse

Autre forme de pigmentation indésirable : le chloasma, encore appelé  » masque de grossesse « , même s’il n’a rien à voir avec la grossesse. Enfin, presque rien à voir. Car cette forme de pigmentation, généralement symétrique et  » en nappe « , a tout de même une forte connotation hormonale : elle n’apparaît que chez les femmes (le plus souvent à peau mate), est accentuée par tous les phénomènes hormonaux et disparaît généralement après la ménopause. Il n’y a aucune anomalie de la structure de l’épiderme ; cette pigmentation est plutôt une variation de la normale. Le soleil augmente son intensité.

A cause de cette disposition préférentielle en grandes étendues dans le visage, il n’est pas possible de faire disparaître le chloasma au laser ou à l’azote. Il faut donc bien se contenter des crèmes dépigmentantes du commerce ou de préparations à base d’hydroquinone ou d’acide rétinoïque, substances assez irritantes. Les peelings sont également utilisés, mais avec des résultats souvent lents et décevants.

Fleurs de cimetière

Dernière grande catégorie de taches brunes indésirables : les verrues ou kératoses séborrhéiques, que certains surnomment  » verrues séniles  » ou  » fleurs de cimetière « . De sympathiques appellations qui rappellent que ces petites formations râpeuses au toucher apparaissent surtout chez les personnes âgées. Elles sont parfois impressionnantes, mais totalement inoffensives, et s’enlèvent, comme toutes les verrues, par électrocoagulation ou à l’azote liquide. Elles n’ont probablement pas de rapport avec le soleil, et on les trouve d’ailleurs plutôt sur le tronc et dans des zones non exposées.

Mais il peut arriver aussi que des lentigos soient  » envahis  » par des virus de type papilloma qui y développent une verrue, protégés par l’effet immunosuppresseur du soleil. Le lentigo devient alors une sorte de tache mixte, compliquant encore la classification déjà un peu tarabiscotée des taches brunes de la peau.

Avec tous nos remerciements au Dr Jean-Michel Darcis, collaborateur de l’université de Liège.

Karin Rondia

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire