Les quatre mères juives

Une étude génétique conclut que 40 % des Ashkénazes descendent de quatre femmes

Plus de 3 millions de juifs ashkénazes (sur un total de 8 millions) seraient les descendants de quatre femmes. Les  » signatures génétiques  » de ces ancêtres communes apparaissent dans leur ADN. Remonter ainsi aux origines de ce groupe est possible grâce aux techniques actuelles de décryptage du génome humain, procédés qui ont déjà permis d’étayer la théorie de l' » Eve africaine « , l’aïeule supposée de tous les Homo sapiens.

L’étude a été menée cette fois sur les juifs d’Europe centrale et de l’Est par une équipe de biologistes internationaux. Sous la direction de Doron Behar, spécialiste israélien de la génétique des populations, ces travaux reposent sur une certitude : de l’ADN que la mère transmet à l’enfant, une partie – l’ADN mitochondrial (ADNmt) – est copiée à l’identique, génération après génération. L’ADNmt paternel est détruit, sauf cas pathologiques rares. Cet apport maternel permet donc de suivre les filiations. Ici, selon la tradition, le fait d’être reconnu comme juif dépend justement de la mère, et non du père. Au total, les chercheurs ont analysé 11 452 échantillons d’ADN issus de populations ashkénazes originaires de 67 lieux différents. Quatre fragments de cet ADNmt apparaissent plus souvent que d’autres chez les personnes testées. Les scientifiques ont croisé ces résultats avec les informations génétiques d’une base de données de plus de 30 000 individus. Conclusion : aucun de ces quatre morceaux d’ADNmt n’apparaît chez les personnes non juives, et seuls quelques cas ont été trouvés dans des villages juifs d’autres cultures, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, où auraient vécu d’anciennes colonies ashkénazes.

Au-delà de cette analyse publiée dans l’American Journal of Human Genetics, Doron Behar propose, à titre personnel, une datation, calculée selon le concept de l' » horloge moléculaire « . L’ADNmt mute constamment, et l’on connaît le nombre moyen de ces changements à chaque génération. Selon le chercheur israélien, ces aïeules auraient donc existé  » il y a deux mille ans « . En revanche, Lluis Quintana-Murci, autre membre de l’équipe, se dit très sceptique :  » Il faut considérer une marge d’erreur plus importante, entre mille et deux mille ans. Et prendre en compte l’histoire des migrations.  » Reste un autre mystère : où habitaient ces mères juives ? En Europe ou au Proche-Orient ? l

Aude Olivier-Doux

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