Pour réussir son couple, sa relation avec ses enfants ou ses amitiés, il n’existe aucune formule miracle. Mais un zeste de vigilance permet de déjouer certains pièges
A en croire bon nombre de thérapeutes, le langage est un terrain miné. D’un côté, celui qui cause, reproche, vide son sac ou met en garde. En prenant un malin plaisir, parfois, à charger la barque, accusant l’autre de ne pas être parfait ou lui imputant ses propres insuffisances. De l’autre, celui qui ne réagit pas nécessairement à ce qu’on lui dit mais plutôt à ce qu’il entend dans ce qui est dit, à la façon dont les mots résonnent en lui. Entre les deux, une brèche où se perd le lien, où vient parfois s’abîmer la relation. Et un marché juteux pour les nouveaux gourous du mieux-être.
» Apprendre à communiquer « , » La PNL (programmation neurolinguistique) au service du couple « , » Parents efficaces « , » Apprendre à se dire « , » Séminaire de résolution des conflits « , » Méthode Espere » (Energie spécifique pour une écologie relationnelle essentielle) : sous ce foisonnement, où le meilleur côtoie le plus farfelu, se cache une nouvelle approche de la communication qui entend combattre le malaise, l’incompréhension, les conflits entre générations et les divorces. La communication relationnelle a le vent en poupe ; les méthodes qui visent à mieux s’exprimer pour être mieux compris forment une véritable galaxie. Arnaque ? Oui, si elles se présentent comme la solution. Non, si elles sont un jalon parmi d’autres. La plupart se contentent de mettre en garde contre les pièges et proposent des » trucs » qui marchent… à condition de ne pas en abuser afin de ne pas passer à côté d’une vraie relation. Voici, donc, quelques recettes éprouvées.
Régler ses comptes au bon moment. Lorsqu’on assène l’autre de reproches, c’est souvent notre propre angoisse qui nous pousse à parler. Pourquoi ne pas user d’un peu plus de patience ? Prendre de la distance, garder un temps les choses en soi… Il faut apprendre à différer les explications. Mais certainement pas y renoncer. Sinon, à la prochaine dispute, on repart avec tout le contentieux précédent et la barque s’alourdit dangereusement.
Eviter les discours klaxon. » Tu… uuu ne t’intéresses pas à moi, tu… uuu travailles tout le temps, tu… uuu ne fais rien à la maison, tu… uuu ne penses qu’aux enfants » : les reproches que l’on assène sonnent comme des coups de klaxon. On parle sur l’autre au lieu de parler à l’autre. Apprendre à parler de soi, de son ressenti, de ses sentiments, de ses émotions, oser dire » Je me sens débordé(e), incompris(e), j’ai peur de ne pas en sortir » : on y pense rarement et, pourtant, ça fait merveille.
Ne pas penser à la place de l’autre. Couper l’autre, terminer ses phrases, lui nier le droit de ressentir ce qu’il ressent au motif que » ce n’est pas comme ça que ça s’est passé « , interpréter ses propos avec nos propres clés de compréhension : autant de réflexes nocifs, qui auront l’effet exactement inverse à celui recherché.
Ne pas se présenter comme une victime. L’autre ne partage pas mon avis, se sent mal, ne ressent pas la situation comme moi ? Qu’à cela ne tienne : lui c’est lui, moi c’est moi. L’autre a le droit d’être… autre et différent. Ce n’est pas une raison pour subir, ni pour chercher systématiquement la » faute » en soi. Laisser à autrui sa liberté, c’est parfois le laisser seul avec son mal-être. Inversement, il n’est jamais l’unique responsable d’une relation qui part en capilotade. S’ériger en victime, c’est souvent commode mais ça ne fait pas avancer. Rien ne sert, non plus, de diaboliser l’autre. Pourquoi ne pas considérer que c’est la relation elle-même qui est devenue mauvaise, plutôt que la personne ?
I. Ph.