Les meilleures ennemies du Brabant wallon

Année de transition pour les deux communes : tant à Waterloo qu’à Braine-l’Alleud, on prépare les échéances futures avec un premier cap à passer en 2012.

Le cri du c£ur n’est pas si anodin. Car il symbolise la douce rivalité qui peut parfois opposer les deux communes visitées dans ces pages :  » Je ne comprends pas pourquoi vous rassemblez systématiquement Braine-l’Alleud et Waterloo dans vos dossiers régionaux, comme si nous étions forcément liées. En outre, je suis sûr que vous allez accorder beaucoup plus de place à Waterloo, et que nous n’aurons que les miettes « , nous confiait récemment, un brin inquiète, une élue brainoise. Qu’elle se rassure : c’est peut-être cette émulation, conjuguée à la proximité géographique évidente des deux communes, qui nous pousse à traiter conjointement Braine-l’Alleud et Waterloo dans ce dossier. Rassemblées, les deux entités comptent en effet un peu moins de 70 000 âmes, l’équivalent d’une ville comme Tournai ou d’une commune importante de la Région bruxelloise.

Si elles diffèrent et se titillent forcément à plusieurs niveaux (le commerce est certainement mieux développé à Waterloo et la carte d’identité du plus célèbre lion d’Europe fait toujours débat), les deux voisines ne manquent certainement pas d’atomes crochus. Il y fait relativement bon vivre, en premier lieu : l’attrait de leur marché immobilier tend à le prouver. Les promoteurs immobiliers multiplient les demandes pour ériger des immeubles à appartements. Economiquement aussi, les parcs d’affaires installés sur le territoire se portent plutôt bien et ont tendance à faire le plein. Ce qui renforce, là aussi, l’impact d’un marché résidentiel sur lequel nous reviendrons plus longuement : nous verrons en effet comment se sont comportées les villas waterlootoises et les maisons  » bel étage  » brainoises, denrées immobilières majoritaires dans les deux communes. Si l’heure de la reprise semble avoir enfin sonné, le prix des biens commence à peine à reprendre une pente haussière, tranquillement.  » Après un tassement, le marché a repris des couleurs depuis le mois d’avril 2010, surtout en termes de volume de vente « , confirme ainsi le notaire Dominique Roulez, à Waterloo. Une constatation partagée de part et d’autre de la  » frontière  » braino-waterlootoise…

Florence Reuter en 2012 ?

Autre point de rassemblement entre les deux communes : malgré les petites rivalités évoquées plus haut, leurs bourgmestres s’entendent bien. Voire très bien. Tant à Braine-l’Alleud (où une alliance avec le PS a quand même été scellée) qu’à Waterloo, le MR dispose d’une majorité absolue aussi large que confortable. Depuis près de trois décennies, Serge Kubla mène ainsi la barque aux abords de la chaussée de Bruxelles tandis que Vincent Scourneau, son homologue brainois, est bien parti pour briguer un nouveau mandat en 2012. Une date qui, on s’en doute, trotte déjà dans toutes les têtes. A Waterloo, Serge Kubla se tâte encore, officiellement du moins : repartira-t-il (l’ancien ministre aura 65 ans en 2012) pour un nouveau tour de carrousel ou laissera-t-il Florence Reuter se faire les dents sur sa première élection communale ?

A Braine-l’Alleud, le bourgmestre, brouillé avec l’opposition, a déjà déterminé sa liste pour les prochaines échéances électorales : elle comprendra notamment dix candidats socialistes. Les entretiens que nous avons réalisés avec les mayeurs locaux, ainsi que le regard des oppositions respectives, nous éclaireront sur les enjeux dans les deux communes. Lesquelles se projettent d’ailleurs dans l’avenir, notamment sur le plan urbanistique : les schémas de structure de Braine-l’Alleud et de Waterloo (respectivement dédiés à un avenir proche et à l’horizon de… 2040) devraient modifier les visages locaux sans révolution, mais dans un souci d’adaptation aux nouvelles donnes imposées notamment par le RER, par l’impact du commerce et du parc résidentiel ou par la mobilité. A Braine-l’Alleud, un certain nombre de parkings sont terminés, en chantier ou en préparation, tandis qu’un nouveau plan devrait désengorger les voiries de la commune tout en desservant davantage le sud de l’entité. Ce qui fait d’ailleurs dire aux opposants que la commune s’engage dans le tout-à-l’auto…

Pôle culturel et année Hugo

Nous parcourrons également, dans ce dossier spécial, les projets culturels incontournables inscrits dans les agendas. A Braine-l’Alleud, la grosse actualité, c’est le rassemblement dans un  » pôle culturel  » des grandes institutions locales que sont l’Ecole des arts, l’Académie de musique et le centre culturel. Nous verrons à quel point les synergies entre ces différents acteurs fonctionnent à plein. 2011, pour Waterloo, ce sera avant tout l’occasion de célébrer les 150 ans des Misérables, roman que Victor Hugo a achevé à Mont-Saint-Jean. Au menu : activités et festivités en tout genre, expos et représentations théâtrales destinées, entre autres, à faire patienter le chaland en attendant que le mémorial, sur le site du lion, puisse enfin être finalisé.

Autre point sur lequel nous mettrons l’accent, comme nous le ferons tout au long de cette année lors de nos enquêtes sur des villes : la vie des deux communes sous l’Occupation. Relativement épargnées pendant la Seconde Guerre mondiale, Braine-l’Alleud et Waterloo ont surtout tenu la tête hors de l’eau grâce à l’abondance de nourriture issue de leurs fermes. A l’époque, les deux entités, au premier chef Waterloo, étaient agricoles. Images d’archives et témoignages nous emmèneront ainsi dans un quotidien difficile. Là aussi, la Résistance a joué son rôle.

Plus généralement, l’objectif de ce dossier est de dresser un état des lieux actuels des enjeux de ces deux communes plutôt riches et vertes, alliées et concurrentes à la fois et qui, s’il fallait être diplomate, se livrent davantage à une émulation qu’à une réelle rivalité.

GUY VERSTRAETEN

Les deux communes, riches et vertes, se livrent davantage à une émulation qu’à une réelle rivalité